Kigali et Kinshasa pour une force "neutre" dans l'Est de la RDC
Afrique

@rib News, 15/07/2012 – Source AFP

 Le Rwanda et la République démocratique du Congo ont convenu dimanche du déploiement d'une force internationale pour neutraliser les rebelles dans l'Est de la RDC, apaisant ainsi leurs relations en marge d'un sommet de l'Union africaine déjà marqué par un réchauffement entre les deux Soudans.

Cet accord a été obtenu à l'issue d'un tête-à-tête entre les présidents congolais Joseph Kabila et rwandais Paul Kagame, a indiqué ce dernier.

Le Rwanda était en position d'accusé dans cette nouvelle crise dans l'Est instable de l'immense RDC, après avoir été désigné par l'ONU comme alimentant en armes et en hommes les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23), ce que Kigali dément.

Ces soldats mutins ont retourné leurs armes ces derniers mois contre les forces régulières de RDC, auxquelles ils avaient été intégrés dans le cadre d'un accord de paix avec Kinshasa signé le 23 mars 2009, et ils ont conquis depuis plusieurs localités.

L'UA avait auparavant déjà indiqué dimanche être prête « à contribuer à la constitution d'une force régionale pour mettre un terme définitif aux agissements des groupes armés » dans l'Est de la RDC, par la voix du président sortant de la Commission, le Gabonais Jean Ping.

« Nous avons accepté le principe de demander à d'autres de nous aider, mais les détails (...) seront pour plus tard », a déclaré Paul Kagame, interrogé sur cette force à l'issue d'un sommet de l'organisation régionale de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) tenu en marge du sommet de l'Union africaine, et après son tête-à-tête avec Joseph Kabila, le premier depuis le début de la mutinerie.

Un nouveau sommet de la CIRGL convoqué les 6 et 7 août à Kampala doit préciser la composition et les modalités de déploiement de cette force, ainsi que ses relations avec la mission de l'ONU, qui déploie déjà en RDC une de ses plus importantes opérations de maintien de la paix, forte de 17.000 soldats et de 2.000 civils.

Il s'agit de la deuxième avancée enregistrée au sommet semestriel de l'UA, qui avait vu auparavant, de façon plus symbolique, les présidents du Soudan du Sud et du Soudan se rencontrer et se serrer la main pour la première fois depuis que des combats frontaliers avaient mis leurs pays au bord d'une guerre ouverte en mars et avril derniers.

Poignée de mains Kiir-Béchir

Salva Kiir et Omar el-Béchir se sont rencontrés samedi soir dans un hôtel de la capitale éthiopienne, sans qu'on connaisse la teneur de leurs discussions, et ils ont suscité les applaudissements de leurs pairs en se saluant chaleureusement dimanche matin à l'ouverture des débats du sommet.

La crise au Mali, qui menace elle de déstabiliser l'Afrique de l'Ouest, avait été évoquée dès samedi lors d'une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA, l'instance consacrée à la prévention des crises sur le continent.

Le CPS a enjoint les autorités maliennes d'accélérer le processus de transition politique consécutif au coup d'Etat militaire de mars, pour présenter un front uni face aux rébellions, principalement islamistes, ayant conquis le nord du pays.

« L'unité nationale et l'intégrité territoriale du Mali ne peuvent faire l'objet d'aucune discussion ou négociation », a prévenu le CPS, soulignant la "détermination de l'Afrique de n'épargner aucun effort pour leur préservation".

Le sommet de l'UA devait dimanche soir ou lundi se pencher sur un différend cette fois interne, mais tout aussi épineux: l'élection d'un nouveau président de la Commission, son organe-clé, après l'échec d'un précédent sommet en janvier à départager le sortant Jean Ping et la ministre sud-africaine de l'Intérieur Nkosazana Dlamini-Zuma.

Le scrutin avait alors tourné au psychodrame : Jean Ping, arrivé en tête, avait échoué à réunir les deux-tiers des suffrages requis, bien que resté seul en lice au quatrième tour du scrutin l'opposant à Mme Dlamini-Zuma, ancienne chef de la diplomatie sud-africaine et ex-épouse du président sud-africain Jacob Zuma.

« En janvier dernier, nous avons échoué. A ce sommet nous n'avons plus le droit d'échouer", a lancé à la tribune le chef de l'Etat béninois Thomas Boni Yayi, président en exercice de l'UA. "Tout nouvel échec signifiera la division du continent », a-t-il prévenu, alors que les observateurs craignent précisément un nouveau blocage.