Burundi : le pouvoir veut réduire au silence société civile
Droits de l'Homme

RFI, 26 juillet 2012

Burundi : prison ferme pour un militant anti-corruption

Faustin Ndikumana, le président d’une organisation de lutte contre la corruption, le Parcem, poursuivi pour fausses déclarations contre le ministre burundais de la Justice, Pascal Barandagiye, vient d’être condamné lourdement, à cinq ans de prison ferme et plus de 8.500 euros d’amendes et dommages-intérêts, pour lui et son organisation.

Il s’agit d’une première au Burundi, pays classé parmi les dix pays les plus corrompus du monde selon Transparency international, et qui sonne pour une société civile burundaise très engagée, comme le signe d’une volonté du pouvoir de la réduire au silence.

Jusqu’ici en effet, les activistes de la société civile avaient subi toutes sortes de pressions, arrestations, convocations intempestives, menaces de mort, mais jamais aucun d’eux n’avait été condamné pour un tel motif.

Le président de l’Olucome, une autre organisation de lutte contre la corruption au Burundi estime qu’un nouveau palier vient d’être franchi par ceux qui sont engagés dans la répression de la société civile dans ce pays. Gabriel Rufyiri en a perdu son latin :
« C’est ça le paradoxe parce que les corrompus, qui se la coulent douce dans ce pays, sont devenus plus forts que l’Etat. Le gouvernement du Burundi devrait s’atteler à la lutte contre la corruption au lieu de s’atteler à la répression des gens qui (la) dénoncent ».

Mais le porte-parole de la cour anticorruption du Burundi assure que Faustin Ndikumana a été condamné parce qu’il n’a pas pu prouver ses accusations contre le ministre de la Justice et qu’il a plutôt bénéficié de la clémence de la cour. Pour Léandre Barampahije, « l’article 14 de la loi portant mesure de prévention, de répression de la corruption et des infractions connexes en son premier alinéa prévoit 5 à 10 ans (de prison). Faustin Ndikumana vient d’écoper de 5 ans, je crois que la cour anticorruption a été assez clémente ».

La société civile burundaise place désormais tous ses espoirs dans le recours qui va être introduit auprès de la cour suprême de ce pays.