Un verdict emblématique de la répression opérée au Burundi
Droits de l'Homme

MISNA, 26 juillet 2012

Un militant anti-corruption est condamné à la prison, une sanction dissuasive

Cinq ans de réclusion et une amende de plus de 8500 euros : telle est la peine que la Cour anti-corruption du Burundi a infligée au militant et président de l’organisation Parole et action pour le réveil des consciences et l’évolution des mentalités (Parcem), Faustin Ndikumana, qui a été reconnu coupable de fausses déclarations.

Le militant avait été arrêté en février dernier en vertu d’une plainte pour diffamation du ministre de la Justice, Pascal Barandagiye, pour avoir déclaré qu’il fallait payer deux millions de francs burundais (environ 1100 euros) pour obtenir un emploi dans la magistrature. Ndikumana avait été par la suite libéré sur caution. Après la lecture de sa condamnation, son avocat a annoncé qu’il ferait recours devant la Cour suprême.

Le verdict a été fermement critiqué par les défenseurs des droits de l’homme, qui le considèrent comme emblématique de la répression opérée par le pouvoir et de sa volonté de réduire au silence les mouvements de la société civile et de l’opposition.

“Cette condamnation est une honte, le Burundi est un monde à l’envers où l’on condamne les dénonciateurs au lieu de mettre en prison les corrompus qui sont désormais plus forts que l’État”, s’est insurgé le président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), Gabriel Rufyiri, qui a précisé que “c’est une première car on n’avait jamais condamné pour un tel motif un activiste de la société civile, cela signifie que le pouvoir veut nous faire peur, veut nous réduire au silence”.

De son côté, le porte-parole de la Cour anti-corruption, Léandre Barampahije, a estimé que l’imputé qui, selon les juges, n’a pas pu fournir les preuves de ses accusations contre le ministre de la Justice, aurait bénéficié de la clémence de la Cour, en ce que le crime dont il devait répondre est passible de 10 ans de prison.

Selon l’organisation Transparency International, le Burundi est l’un des pays les plus corrompus du monde, où la société civile et les défenseurs des droits de l’homme sont souvent l’objet de menaces et d’atteintes à la liberté d’expression. Les journalistes non plus ne peuvent exercer librement leur profession : en juin, le journaliste de la chaîne indépendante Bonesha Fm et correspondant de Rfi en swahili, Hassan Ruvakuki, a été reconnu coupable d’actes de terrorisme et condamné à la prison à vie.

(VV/ADL/CN)