Les Burundais appelés à ne pas céder à l’intimidation du pouvoir
Droits de l'Homme

RFI, 07 août 2012

Au Burundi, bras de fer entre le collectif contre la vie chère et les autorités

Le collectif contre la vie chère qui a déjà organisé avec succès, fin mars, une grève générale pour protester contre des hausses prix de l’eau et de l’électricité, prévoyait d’organiser ce mardi 7 août après-midi dans un grand hôtel de Bujumbura. Une réunion publique en vue de mobiliser la population contre de nouvelles hausses de prix.

Comme la loi ne prévoit qu’une simple « obligation de déclaration préalable », le pouvoir a dû trouver un moyen pour empêcher sa tenue. Mais la société civile ne s’avoue pas vaincue, et parle même de violation de la Constitution.

La loi burundaise n’autorise le maire de Bujumbura à interdire une telle réunion que si elle est de nature à trouble l’ordre publique. Mais comme le pouvoir burundais ne pouvait décemment invoquer un tel motif, il a fallu trouver une astuce qui permette de couper l’herbe sous les pieds de la société civile.

Et c’est le maire de la capitale burundaise, Edouard Giswaswa, qui s’en est chargé. Il vient d’écrire une correspondance aux responsables de tous les hôtels de sa ville dans laquelle il leur enjoint de ne plus louer leurs salles pour toute activité publique, à moins qu’on ne leur présente une autorisation préalable signée de sa propre main ou par son délégué.

La société civile n’a pas été dupe. Pacifique Nininahazwe, le délégué du Forum pour le renforcement de la société civile, s’est exprimé au nom de quelque 480 organisations membres de ce collectif contre la vie chère, et s’en est pris au maire de Bujumbura accusé de violer la Constitution.

L’activiste a donc appelé la population burundaise à ne pas céder à l’intimidation et à se présenter nombreuse cet après-midi au Front Hotel pour une réunion décisive sur les questions du délestage électrique et d’une hausse récente des taxes sur les bières et autres limonades.