Le Burundi cherche 2,1 milliards USD pour son programme de croissance
Economie

@rib News, 20/08/2012 – Source Xinhua

 Le Burundi prépare une conférence de partenaires qui aura lieu les 29 et 30 octobre prochain à Genève dans le cadre de ses efforts visant à mobiliser les fonds nécessaires à la mise en oeuvre de son Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté - deuxième génération (CSLP II).

« Nous sommes déjà avancés au niveau des préparatifs de la Conférence (...) les invitations sont en train d'être lancées à la centaine de personnalités qui y seront conviées et parallèlement une stratégie de communication pour ces assises est en cours de montage grâce à l'apport des experts du Programme des Nations Unies pour le développement et de la Banque Mondiale », a déclaré le ministre burundais des Finances et de la Planification du développement économique, Tabu Abdallah Manirakiza, au cours d'une récente interview accordée à Bujumbura, en qualité de président du comité de pilotage de préparation de la conférence.

L'objet de cette conférence de présenter le Programme d'actions prioritaires (PAP), relatif à la mise en œuvre du CSLP II prévue pour la période 2012-2015 et de mobiliser les besoins en financement ad hoc, a précisé le ministre Manirakiza.

Il a souligné que le PAP s'inscrit dans les nouvelles politiques publiques que le gouvernement burundais compte mettre en place pour "accélérer la mutation de l'économie burundaise" et ainsi consolider les acquis de la paix et de la sécurité nationale.

Selon lui, le PAP, constituant le cadre opérationnel du CSLP II récemment adopté par le parlement et le gouvernement, a été élaboré après une démarche itérative de participation et de concertation avec les administrations concernées, le secteur privé et la société civile.

L'enveloppe globale du PAP du CSLP II est estimé à 2,1 milliards USD et le Burundi compte mobiliser 48% de cette enveloppe destinée à financer les axes stratégiques retenus par le gouvernement après validation des Partenaires techniques et financiers (PTF), a révélé le ministre Manirakiza.

Ceux-ci, a-t-il indiqué, sont les donateurs traditionnels bilatéraux et multilatéraux comme les pays de la Zone Euro, les Nations Unies, l'Union Européenne, la Banque Mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque africaine de développement (BAD) ; mais aussi la catégorie des pays dits « émergeants » comme le Brésil, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud.

Le PAP comprend quatre axes stratégiques : le renforcement de l’Etat de droit, la consolidation de la bonne gouvernance et la promotion du genre ; la transformation de l'économie burundaise pour une croissance soutenue et créatrice d'emplois ; l’amélioration du taux d'accessibilité, de la qualité des services de base et renforcement du socle de la protection sociale ; l'amélioration de la gestion de l'espace et de l'environnement pour un développement durable.

« Près de 50% des prévisions du PAP sont orientés vers les secteurs productifs et d'infrastructures d'appui à la production dont une part importante est consacrée au secteur de l'énergie », a déclaré en substance le ministre Manirakiza.

Le gouvernement burundais insiste sur la matérialisation du deuxième axe stratégique -- la transformation de l'économie burundaise pour une croissance soutenue et créatrice d'emplois, a expliqué le ministre, soulignant que le Burundi, demandeur d'aides d'urgence après avoir traversé une longue période de crise sociopolitique, voudrait « sortir de là maintenant pour passer directement au développement économique ».

C'est l'ultime but visé par le prochain rendez-vous de Genève, a noté le ministre Manirakiza.

Il a mis l'accent sur la mobilisation de l'attention des partenaires sur le développement du Burundi "pour briser le cercle vicieux inhérent aux diverses crises cycliques qui ont longtemps confiné le pays à l'action humanitaire pour tourner définitivement cette page noire de l'histoire nationale en s'embarquant irréversiblement vers le décollage économique".

Pour lui, la conférence de Genève devrait marquer un tournant décisif pour l'essor économique du Burundi en renvoyant aux calendes grecques les projets de court terme ayant un caractère " opportuniste" parce que les investisseurs potentiels veulent rentrer dans leurs coûts dans l'immédiat, pour ne retenir que de gros investissements pour le moyen et long terme pour pouvoir consolider la paix civile à travers une marche résolue vers une véritable réduction de la pauvreté.

Le Burundi souhait que la communauté internationale puisse " voir le Burundi avec un nouveau oeil, à savoir un Burundi sans troubles et sans mauvaise gouvernance", a affirmé le ministre Manirakiza.

A la question relative à la bonne gouvernance et à la lutte contre la corruption, le ministre Manirakiza a indiqué que ces aspects ont été coulés dans le 1er axe stratégique du CSLP II. A ses yeux, si la communauté internationale fait de la lutte contre la corruption et de la bonne gouvernance une conditionnalité pour financer cet axe stratégique, « on sera en train de tourner en rond ».

A propos de quelques arrestations opérées en juillet dernier contre des membres des corps en uniforme accusés d'être impliqués dans des opérations « d'exécutions extrajudiciaires » ou de « tortures », le ministre Manirakiza expliqué que cela est dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.

« Si ces gestes posés pour consolider l'Etat de droit peuvent drainer une confiance supplémentaire de la communauté internationale à l'endroit du Burundi et planer sur les résultats de cette conférence, ça serait bien », a-t-il affirmé.

A en croire le ministre Manirakiza, depuis bientôt plus d'une année, le gouvernement burundais a reçu des « messages positifs » de la plupart des gouvernements étrangers, en l'occurrence américain, belge et français, pour lui signifier que des jalons seraient en train d'être posés pour asseoir la bonne gouvernance dans le pays.

A la question de savoir pourquoi le gouvernement burundais a voulu placer la barre très haute pour le financement sollicité du CSLP II avec une enveloppe de plus de 2 milliards USD alors que les fonds demandés pour le CSLP I n'avaient pas dépassé le cap de 1,3 milliard USD, le ministre Manirakiza a expliqué que la principale raison d'un tel écart est que lors de la mobilisation des fonds pour le CSLP I , le Burundi gérait encore des programmes d'urgence.

En revanche aujourd'hui, a-t-il souligné, le pays veut se lancer réellement dans le développement.

L'aspect le plus important pris en compte dans l'élaboration du PAP du CSLP II, a-t-il conclu, c'est que l'axe stratégique en rapport avec la croissance économique, est la rubrique budgétaire qui mobilisera le maximum de fonds.