De la guerre civile au Burundi aux Paralympiques de Londres
Sports

L'Equipe, 27/08/2012

Paralympiques : Alaize, le rescapé

 De la guerre civile au Burundi aux Jeux Paralympiques de Londres, Jean-Baptiste Alaize a connu un parcours tumultueux. Amputé d'un tibia, le Français puise dans ses expériences passées pour viser l'or, notamment en saut en longueur.

Quand Oscar Pistorius défendra ses trois titres paralympiques sur 100, 200 et 400 mètres à Londres, il devrait avoir à ses côtés Jean-Baptiste Alaize sur les deux premières épreuves. Pour ses premiers pas olympiques, le Français, âgé de 21 ans, ne compte pas rivaliser avec le Sud-Africain. « Je vise surtout des finales en 100 et 200. Après, tout peut arriver... A Daegu, Bolt a bien fait un faux départ. Ca peut aussi arriver à Pistorius », plaisante-t-il.

Plus que le sprint, c'est en saut en longueur que Jean-Baptiste Alaize espère décrocher l'or. Quatre fois champion du monde dans les catégories jeunes et détenteur du record du monde chez les moins de 23 ans (6,42), il espère confirmer chez les seniors, chose qu'il n'a pas réussi à faire aux Mondiaux de Christchurch en janvier 2011. « Je venais juste de commencer avec mon nouveau coach, donc je n'étais pas du tout préparé et j'ai fait n'importe quoi, rigole-t-il. J'arrivais détendu en chambre d'appel, je délirais avec les autres. J'ai pris ça comme une compétition banale. »

« Ne pas faire le foufou »

Derrière son large sourire et cette spontanéité naturelle, Jean-Baptiste Alaize vit un rêve éveillé, qui lui permet de se détacher de l'importance de l'évènement qui l'attend.  Ce qui pourrait passer pour de la nonchalance n'est en fait qu'une ambition bien dissimulée. « Je sais ce que je suis capable de faire, répète-t-il.  Je ne vais pas faire le foufou mais donner mon maximum pour ramener une médaille. » Il s'imagine déjà sur un podium olympique, lui qui vient de si loin. Du Burundi plus précisément où le jeune homme est né en 1991.

De sa petite enfance à Muyinga, il ne se rappelle presque de rien. Mais son corps porte les stigmates de la guerre civile qu'il a vécue quand il avait 3 ans. « J'ai perdu ma jambe suite à des coups de machette », se souvient-il, montrant ensuite une large cicatrice sur son avant-bras gauche. « C'est le seul souvenir que j'ai du Burundi. J'ai été sauvé par des soldats qui m'ont récupéré. » Adopté par une famille originaire de Montélimar, il arrive en France en 1998. Un bouleversement qui se passe sans encombre - « j'ai été bien accueilli par mes parents adoptifs » - et l'amènera à découvrir l'athlétisme grâce à un professeur d'EPS au collège.

« Quand il a su que j'avais une prothèse, il m'a aidé à trouver un club. » Deux mois après, il participe aux Championnats du monde jeunes où il décroche 3 médailles d'argent. « Tout est allé très vite », reconnait-il. Le voilà désormais installé à l'INSEP où il s'entraîne dans le groupe de Guy Ontanon avec, entre autres, Jimmy Vicaut. Ne lui reste désormais qu'à atteindre son rêve olympique, avant de retourner en février 2013 sur sa terre natale pour la première fois. Dans les deux cas, « je me sens prêt ». «Mon prénom là-bas signifiait « l'enfant du bonheur»... C'est un peu le destin.»

Son programme :

Vendredi 31 août: Saut en longueur F42-43-44

Dimanche 2 septembre: 200m T44

Mercredi 5 septembre: Relais 4x100 T42-43-44-45-46

Jeudi 6 septembre: 100m T44

Romain BERGOGNE