Conférence de Bruxelles : Un public séduit par Léonard Nyangoma
Politique

@rib News, 19/01/2009

De notre correspondant à Bruxelles

(Photo ARIB.INFO)

Vue du podium - De g à d : Didier Muzalia W., Léonard Nyangoma et Isidore Ndayirinde

Le leader de l’opposition burundaise et président du parti CNDD, le député Léonard Nyangoma, a animé samedi 17 janvier 2009 à Bruxelles une conférence publique organisée par l’asbl "Carrefour du Monde" sur la situation qui prévaut dans la région des Grands Lacs, a-t-on observé sur place.

Un public nombreux avait répondu présent à ce rendez-vous au cours duquel le parlementaire burundais s’est penché sur "Les enjeux des élections de 2010 au Burundi et leur impact dans la sous-région des Grands Lacs (RDC-Burundi-Rwanda)".

Au podium, M. Nyangoma était entouré du Représentant du CNDD au Benelux, M. Isidore Ndayirinde, qui assurait la présentation ; et du Président de l’asbl "Carrefour du Monde", M. Didier Muzalia W., en tant que modérateur de la conférence.

Après une brève allocution du modérateur, ce fut au tour de Léonard NYANGOMA de prendre la parole. L’ancien professeur de Mathématiques a présenté un brillant exposé rhétorique sur le sujet du jour, dans un style académique qui n’a pas manqué de rappeler sa brillante carrière d’enseignant à l’Ecole Normale.

Après les salutations amicales et souhaits de meilleurs vœux adressés à l’assemblée présente, le député Nyangoma a d’emblée présenté les élections comme étant une exigence démocratique. Il a d’abord brossé l’aperçu critique sur les élections pluralistes que le Burundi a connues depuis la veille de l’indépendance jusqu’aux dernières élections de 2005. Certaines similitudes apparaissent.

Par la suite, l’orateur du jour s’est longuement penché sur les obstacles actuels à la tenue des élections démocratiques crédibles au Burundi. Entre autres, la sécurité, quelques lacunes dans le texte constitutionnel et celui du code électoral ainsi que l’intolérance affiché de la part pouvoir à l’encontre de toute voix discordante.

Comme le Burundi ne peut prétendre être un ilot, Léonard Nyangoma a fait un excellent plaidoyer sur l’impact des élections de 2010 sur la région africaine des Grands Lacs, et plus spécialement en République Démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda voisins.

Durant son exposé, le représentant du peuple n’a pas manqué de proposer des solutions concrètes aux obstacles éventuels. Ainsi, il a exposé succinctement des mesures majeures nécessaires pour garantir des élections libres et impartiales en 2010.


(Photo ARIB.INFO)

Une vue partielle du public venu nombreux écouter Léonard Nyangoma

Vint ensuite le moment tant attendu des questions et autres commentaires du public. A chaque intervention, Léonard Nyangoma a répondu avec beaucoup de sagesse et des exemples variés à l’appui.

A la question de savoir si l’il était candidat à l’élection présidentielle de 2010, Léonard Nyangoma a répondu que se sont les militants du parti CNDD qui désigneront leur candidat au moment opportun. Pour l’instant, son parti ne voit pas l’opportunité de désigner un candidat 15 mois avant les échéances électorales, a-t-il précisé.

Quant à l’attitude à adopter vis-à-vis du pouvoir en place, le leader de l’opposition a bien souligné que cette dernière doit être critique mais aussi constructive et responsable ; et c’est le cas de son parti, a-t-il relevé.

Plusieurs intervenant ont reconnu et salué la bravoure, la combativité persévérante et positive ainsi que le franc-parler du député Nyangoma. Beaucoup de critiques ont été formulées à l’endroit des politiciens burundais qui ne pensent qu’à eux seuls en oubliant la situation très précaire de leurs électeurs et la pratique d’injustice sociale généralisée, surtout au niveau salarial.

Léonard Nyangoma ne manque pas de solutions pour régler les problèmes de la mal-gouvernance au Burundi. Il a, entre autres, montré que le problème de la refonte des salaires pouvait avoir une solution salutaire si on récupérait toutes les sommes colossales d’argent détournées depuis la transition jusque maintenant. L’éducation civique de la population entière s’avère nécessaire pour transcender certains fléaux que l’on observe au sein des classes burundaises, a-t-il souligné.

Pour les prochaines élections, la liste bloquée peut être encore une fois pratiquée tout en attendant l’essai des listes préférentielles pour les années à venir afin d’éviter l’achat des consciences au sein de la population, a préconisé le parlementaire burundais.

D’autres intervenants n’ont pas manqué de mentionner leurs profondes inquiétudes pour la tenue éventuelle des élections libres et transparentes au Burundi en 2010, vu les armes qui circulent au sein de la population, les milices, les violations incessantes des droits humains, ainsi que l’attitude des dirigeants actuels qui semblent vouloir s’accrocher au pouvoir à tout prix. L’heure n’est pas à l’optimisme, selon certains.

Après la séance des questions-réponses, les participants à la conférence ont continué à échanger autour d’un verre. C’est pendant ce temps que certains ont pu continuer à poser des questions au député Nyangoma qui a le talent d’échanger facilement dans le bain de la foule.

« Je ne connaissais pas Nyangoma de près, il a fait un brillant exposé bien documenté. Il maîtrise bien la politique burundaise et celle de la sous-région, il est simple et concret ! », a commenté un participant après avoir échangé d’une façon très détendue avec l’orateur du jour. L'engagement de Léonard Nyangoma a été salué par le public dans les différentes causeries, où on a relevé un sentiment général de satisfaction.

Selon plusieurs analystes, le leader de l’opposition burundaise apparaît plus que jamais en mesure d’offrir une alternative crédible au pouvoir actuel de Pierre Nkurunziza. Cela implique également beaucoup de responsabilités, surtout en ces temps où l’action politique apparaît plus difficile que jamais au Burundi.

En effet, il n'est pas exagéré de dire que les hommes politiques, de surcroît dans l'opposition, doivent avoir le courage de leur posture politique et éviter de toujours penser aux privilèges qu'ils pourraient perdre, si un pouvoir les entraînait dans la violence ou les enverrait en prison. Léonard Nyangoma l’a déjà prouvé à maintes reprises.

NdlR : L’intégralité de l’exposé de M. Nyangoma au cours de cette conférence sera publiée incessamment sur ARIB.INFO