Le président du Burundi prolonge le mandat de la CENI
Politique

PANA, 12 septembre 2012

 Bujumbura, Burundi - Le mandat de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) du Burundi a été prolongé de trois mois par un décret présidentiel publié mercredi à Bujumbura.

Les différentes familles politiques opposées au sein du Parlement burundais se sont livrées à une véritable guerre de tranchées, lundi et mardi, avec au bout du compte, un échec dans les discussions houleuses sur les noms des nouveaux membres de la CENI appelés à organiser les prochaines échéances électorales prévues en 2015.

La CENI est arrivée au terme de son mandat ce mercredi après avoir bénéficié d’une première prolongation en début d’année pour une période de trois mois.

Durant deux jours de tractations en coulisses, les députés de la majorité présidentielle et ceux de l’opposition n’ont pas pu tomber d’accord sur la reconduction, entre autres, du président sortant, Pierre Claver Ndayicariye et du commissaire à l’Information, Prosper Ntahorwamiye qui n’ont pas les faveurs de l’opposition. 

C’est dans la soirée de mardi que le président de l’Assemblée nationale, Pie Ntavyohanyuma, est venu annoncer en plénière l’échec des négociations et le report sine die de la réouverture du dossier, tout en promettant la poursuite des consultations jusqu’au consensus sur une autre liste de nouveaux membres de la CENI.

Au chapitre des réactions, le président du Conseil national pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD, parti au pouvoir), Pascal Nyabenda, a préconisé une "solution durable" qui passerait par l’amendement de certains articles de la Constitution qui empêchent la majorité parlementaire de légiférer et l’oblige aujourd’hui encore à faire dans des compromis politiques, comme du temps des régimes transitoires.

Le porte-parole du parti de l’Unité pour le progrès national (UPRONA, deuxième groupe parlementaire), Charles Nditije, a estimé de son côté que le dialogue valait mieux que le forcing si on veut progresser sur la voie de la démocratie.

La Société civile burundaise suit également avec intérêt le bras de fer entre le pouvoir et l’opposition autour de la mise en place d’une nouvelle CENI.

Pour le délégué général du Forum pour le renforcement de la Société civile (FORSC), un collectif de plus de 140 associations de la Société civile, Pacifique Nininahazwe, la mise en place d’une CENI "non consensuelle" constituerait un «mauvais départ» et une "source de conflit" aux conséquences incalculables à l’approche des élections générales de 2015 qui suscitent déjà des passions dans les milieux politiques à Bujumbura.

La CENI sortante avait organisé le marathon électoral de 2010 qui avait reconduit aux affaires, pour un second mandat de cinq ans, le CNDD-FDD, sur fond de contestation de la régularité des municipales par l’opposition.