Burundi: le système bancaire entrave la croissance économique
Economie

@rib News, 17/09/2012 – Source Xinhua

Le système bancaire local constitue une des entraves majeures à la croissance économique burundaise et fonctionne avec des pratiques illégales dans ses relations avec la clientèle, apprend-on d'un réquisitoire dressé lundi à Bujumbura par Faustin Ndikumana, président de Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l'Evolution des Mentalités (PARCEM), une ONG locale.

M. Ndikumana, qui s'exprimait à l'occasion de l'ouverture d'un atelier de réflexion sur la gouvernance du système bancaire au Burundi organisé en partenariat avec Action Aid, ONG britannique, a précisé que les banques commerciales burundaises fixent à leur clientèle des taux d'intérêts de plus de 14 % et qu'elles pratiquent également des capitalisations mensuelles des intérêts en violation de la loi et au grand dam de plus de 18.000 commerçants sont déjà tombés en faillite à cause des taux exorbitants.

Pour le président du PARCEM, en matière d'accès au crédit, le Burundi est le maillot faible de la communauté de l'Afrique de l’Est, car l'ensemble des neuf banques commerciales, les deux établissements financiers et les vingt-cinq institutions de micro finances, qui forment le système financier local, ne financent que des crédits à court et moyen terme et sont hostiles à financer de gros investissements pour le long terme comme des projets agricoles pour un développement durable.

Cette situation, a-t-il noté, est aggravé par notamment par la faible mobilisation de l'épargne, les risques associés aux prêts, une grande part de créances improductives, ainsi que les taux d’inflation et de change qui déprécient constamment la monnaie burundaise.

Quant à la Banque de la République du Burundi (BRB), banque centrale, elle accuse des manquements immenses dans son rôle de superviseur et de régulateur de l'action bancaire, a accusé M. Ndikumana, avant de mettre en doute la neutralité de cette institution dans le traitement des dossiers de 20.000 clients dits « défaillants », qui ne peuvent pas bénéficier des crédits auprès des institutions financières locales avant l'apurement total de leurs dettes.

Par ailleurs, le président du PARCEM a fait remarquer qu'il s' observe au Burundi un phénomène d'effet d'éviction lié au fait que l'Etat, pour financer le déficit budgétaire récurrent, prélève une partie de l'épargne national au détriment du secteur privé alors que celui-ci constitue le moteur du décollage économique.  

Selon Léandre Irariha, Représentant l'INTERBANK Burundi, une des banques commerciales locales, le crédit n'est pas un contrat d'adhésion mais un contrat consensuel entre le client et la banque.

« S'il existait des clauses entourées d'incompréhensions, il faut des négociations entre les deux parties contractants », a insisté M. Irahora.

Pour Gilbert Niyongabo, doyen de la faculté des sciences économiques à l'Université du Burundi (UB), la banque centrale burundaise devrait « revisiter » sa mission de régulateur, de superviseur et de prêteur en dernier ressort du système financier burundais.

Le gouvernement, pour sa part, devrait aussi s'investir pour restaurer le climat de confiance entre les banques et ses clients, a-t-il indiqué.

Par ailleurs, a noté Niyongabo, les opérateurs économiques burundais devraient se prémunir des aléas en s'associant et en créant des agences spécialisées jouant le rôle d'assureur interne.