Une opération médiatique pour masquer un bilan dramatique
Opinion

@rib News, 24/09/2012

Bujumbura organise une offensive médiatique internationale d’envergure!

 Par Daniel Kabuto

Le Gouvernement du Burundi semble l’avoir enfin compris : il est insensé pour un Etat moderne de négliger voire pire de mépriser la scène médiatique internationale. Ceux qui attendent le gouvernement de Bujumbura comme un maçon au pied du mur ont intérêt à ne pas braquer leur regard sur New York ou Genève. L’Assemblée Générale des Nations Unies accorde la priorité aux dossiers comme le Mali, la Somalie, la Syrie, les Soudans et l’Est de la RDC. Certes, la conférence des bailleurs de fonds du Burundi est un rendez-vous très important puisque le gouvernement et le peuple burundais souhaitent obtenir le financement du Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte contre la Pauvreté, CSLP bis. Et en ces jours de crise économique mondiale, le Burundi a besoin qu’on lui souhaite bonne chance!

La manne financière est très attendue à Bujumbura, tellement la dépréciation de la monnaie locale face au dollar américain prend une ampleur de plus en plus préoccupante. Pour un pays qui importe presque tout, il va sans dire que les hommes d’affaires ne savent plus à quel saint se vouer. Cette situation est propice à une flambée généralisée des prix des produits de première nécessité. Sans être prophète de malheurs, il est permis d’attirer l’attention sur cette situation d’autant plus que la récente mesure présidentielle de détaxation de certaines denrées risque de faire long feu. La société civile qui se plaît à récupérer la place de l’opposition se frotte déjà les mains ! Derrière l’alerte sur la vie trop chère, le soulèvement populaire est-il possible ? De l’avis des hommes des médias aux compétences reconnues, l’avenir du Burundi n’est pas aussi désespéré ! Arrêt sur une médiatisation d’Etat.

L’avenir du Burundi, c’est demain !

Ce n’est pas le titre qu’a choisi le journaliste belge Philippe Lamair pour son article « Heureux de vous revoir » dans le magazine « Spirit » mis à bord des vols de la compagnie Brussels Airlines. C’est plutôt le titre du film de reportage qu’une équipe belge a réalisé à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Burundi. Le film est à visionner à bord des avions de la compagnie Brussels Airlines, sur tous les vols en provenance ou en partance pour l’Afrique, pour les mois de septembre et octobre 2012.

Il faut noter que la compagnie aérienne belge offre plus de vingt-et-un vols à destination des villes africaines. Dans le magazine « Spirit », le guide TV aux pages 90 et 91 vous donne des indications pratiques pour ceux qui souhaitent découvrir : Burundi, l’avenir c’est demain ! Nous avons pris un réel plaisir à visionner le film. Qu’est-ce qu’il est frappant d’admirer le moral des dames qui vendent les fruits et légumes frais au marché central de Bujumbura ! Qu’est-ce qu’il est encourageant de voir la nourriture en abondance audit marché et de vanter de telles images à la ville et au monde ! Qu’est-ce qu’il est rageant de voir des militaires en exercices de combat ou de traque de l’ennemi tandis que la population, indifférente au danger, passe outre son chemin ! Et que dire de cette foule apparemment bien entretenue qui frappe le sol d’un pied confiant dans cette marche quasi martiale derrière le flambeau de la paix ? Que dire des chantiers de construction où le Chef de l’Etat communie avec une nation enthousiaste et très motivée ?

Le film revient sur les délices touristiques du Burundi, la fabrication d’un tambour au musée national de Gitega, la sculpture, la culture du café, du thé et du riz. Il fait une publicité inédite des paysages édéniques du pays des mille et une collines. En guise de bonus, on est admiratif devant la confiance en l’avenir qu’affiche le Président Pierre Nkurunziza, lorsque du haut de son vélo, il parcourt des kilomètres en saluant une foule nombreuse massée le long de la route. Une preuve que la paix est réelle au Burundi et que les lendemains meilleurs n’attendent que notre sens des responsabilités étatiques et l’amour du travail bien fait.

Retour sur scène

Le numéro 2697 de Jeune Afrique du 16 au 22 septembre 2012 réserve tout un dossier de 30 pages au Burundi. L’hebdomadaire international a intitulé ledit dossier « Burundi : retour sur scène » ! A quand remonte donc la dernière promotion médiatique du Burundi sur la scène internationale ? Bien sûr que mon ami Alain CAPO du magazine « Afriques » de Bruxelles ne serait pas du même avis que l’équipe de Jeune Afrique. C’est qu’en 2008, un dossier spécial Burundi a été réalisé par le journaliste établi en Belgique. Ledit numéro a eu beaucoup d’échos et du succès auprès des partenaires du Burundi en Belgique et dans le saint des saints de la diplomatie européenne.

Retour sur scène ? Oui sans nul doute, car le magazine Jeune Afrique a une très grande audience. Il a un tirage considérable et est distribué dans plus de quatre-vingt pays et mis à bord de plus de 40 compagnies aériennes. Avec ce dossier, le Burundi fait une rentrée très remarquée sur la scène internationale. Après cinquante ans de turbulences, il est grand temps que le pays renoue avec sérénité, sens des responsabilités étatiques et internationales. Il est grand temps que la pauvreté soit combattue par les armes de justice sociale, d’équité et transparence dans la gestion de la chose publique et des aides bilatérales et multilatérales.

Mais alors quelles leçons appelle cet extrait du prélude signé François Soudan : « Au pouvoir depuis 2005, le Président Nkurunziza, 48 ans, footballeur émérite, prédicateur explosif et ancien maquisard, est certes parvenu à ratisser au-delà de son socle ethnique, en nouant de bonnes relations avec le Rwanda de Paul Kagamé et en quadrillant les campagnes où résident plus de 80% de ses compatriotes. » Le poids des termes « émérite » et « explosif » et du verbe « quadriller ». Et qu’en pense l’opinion qui parle de disgrâce irréversible de Kagamé ?

Au-delà des images inédites des majorettes belles à croquer et des policiers disciplinés au boulevard de l’indépendance lors du défilé du 2 juillet 2012, le dossier « Retour sur scène » passe au crible les faiblesses et les atouts d’un pays qui a brisé les tabous et ouvre son économie aux investisseurs tous azimuts. Le moment venu, il serait judicieux d’évaluer les retombées de ce marketing et de faire en sorte que la promotion de l’image et des opportunités d’affaires du Burundi devienne une tradition et non un acte sporadique.

Une implication d’anciens Burundais de la diaspora

La réalisation du film mis à bord des avions de la compagnie Brussels Airlines n’aurait jamais été menée à bon port sans l’implication de monsieur Emmanuel Bamenyekanye. Il a exhorté l’équipe belge à tenir bon face aux tergiversations des interlocuteurs burundais. Il a servi de chauffeur, de guide et souvent d’intermédiaire jusqu’à la production du film.

Quant à la réalisation du dossier spécial Burundi dans Jeune Afrique, il faut saluer l’implication du Chef de Cabinet Civil du Président de la République pour convaincre les opérateurs économiques de saisir l’occasion pour faire la promotion de leurs affaires. Pour avoir côtoyé et soutenu mademoiselle Fatoumata TANDJAN qui a beaucoup souffert pour amener les chefs d’entreprises à joindre la parole à l’acte et surtout à comprendre que le temps c’est de l’argent, je me réjouis d’avoir contribué à la réussite du projet.

Bujumbura, le 24 septembre 2012

Daniel KABUTO, Ecrivain et Consultant indépendant.