L’histoire d'un documentaire tourné pour le Cinquantenaire du Burundi
Société

@rib News, 27/09/2012

Burundi, l’avenir c’est demain

Documentaire visible sur les vols de SN Brussels Airlines.

 Par Philippe Lamair

Tout a commencé par un courriel envoyé par Emmanuel Bamenyekanye, ce pharmacien d’origine burundaise que j’avais rencontré il y a deux trois ans chez une amie commune à Bruxelles. De loin en loin, on s’est vu et on a sympathisé. Mais j’étais loin de m’imaginer que cette rencontre allait déboucher sur une telle aventure. Il me proposait ni plus ni moins de réaliser un documentaire pour les cinquante ans de l’Indépendance du Burundi. Un sacré défi ! Surtout quand on connaît l’Histoire mouvementée qu’a connue ce pays depuis 1962.

L’affaire a été rondement menée. Un rapide aller-retour en janvier dernier à Bujumbura pour rencontrer les responsables du projet.

Le temps de se mettre d’accord sur les questions matérielles et logistiques ainsi que sur les grandes lignes du documentaire et un accord était trouvé. Le film devait être rassembleur, positif sans pourtant occulter les réalités historiques et ethniques qui ont ravagé le Burundi pendant de trop nombreuses années. Eviter aussi de tomber dans la propagande, bref une fameuse gageure à la hauteur du titre que j’ai proposé : Burundi, l’avenir c’est demain !

A la mi-mai retour à Bujumbura pour commencer le tournage. Il doit durer 8 jours. Emmanuel installé depuis quelques mois au Burundi, s’est occupé d’organiser le périple, prévu des contacts dans différents milieux, louer un véhicule et réserver les logements. A la fois interprète-guide, chauffeur, relations publiques, il n’a pas ménagé ses efforts pour faire de ce tournage une réussite, n’hésitant pas à frapper à de nombreuses portes dont celle de la Présidence. Son efficacité nous a permis de boucler notre programme dans les temps. Pas vraiment évident car si partout, les gens sont accueillants et ouverts au projet, peu saisissait la nécessité de réagir rapidement pour solutionner un problème logistique ou organiser un entretien avec tel ou tel responsable.

Accompagné de Michel, un des meilleurs cadreurs qu’ait connu la RTBF aujourd’hui pensionné, nous avons parcouru le pays.

De Bujumbura, la capitale qui n’arrête pas de grandir, de se moderniser et d’attirer banques et investisseurs aux campagnes où l’on cultive le café, le thé ou le riz sans oublier les endroits historiques comme Gitega ou touristiques comme la plaine de la Ruzizi et les plages du lac Tanganyika, nous sommes partis à la découverte du Burundi. Cet ancien protectorat confié à la Belgique par la Société des Nations au lendemain de la Guerre 14-18, est méconnu.

Comme journaliste, j’ai accompagné à plusieurs reprises des délégations officielles belges au Burundi. Des visites qui se limitaient à la capitale avec presque toujours le même programme : un entretien avec le Président suivi d’une visite à un projet de la coopération belge et enfin, pour terminer une réception à la résidence de l’Ambassadeur de Belgique. La délégation ne restait guère plus que 24 h avant de rentrer à Bruxelles. Dans la tournée des pays des Grands Lacs, le Burundi était toujours la dernière étape, la plus courte aussi…

Venu réaliser ce documentaire sans à priori, je me suis délecté à découvrir un pays en (re)construction, des populations accueillantes, des paysages somptueux, des terres fertiles, un Burundi en véritable développement. J’ai aussi été effrayé aussi par ces foules d’enfants tant dans les villes que dans les campagnes et pour qui demain il faudra créer un avenir. A côté des problèmes de santé et d’éducation, ce n’est pas le moindre des défis avec celui d’apprendre à vivre ensemble au-delà des divergences et au delà d’un passé sanglant.

Et tout en soulignant, les progrès accomplis depuis la signature des accords d’Arusha, Pierre Nkurunziza, l’actuel Président du Burundi est le premier à reconnaître certaines réalités et la nécessité de continuer de l’avant.

Un des vecteurs de stabilité du Burundi est son armée. Aujourd’hui, elle est le ciment de l’unité nationale et de la paix. Lors d’un entretien privilégié avec le chef d’Etat-major de l’armée, j’ai été touché par sa franchise. Il a vécu la guerre avec ses cortèges d’horreurs. Les membres de son staff, tous issus de milieux et d’ethnies différents, étaient hier pour la plupart des ennemis. Ils travaillent maintenant ensemble. Ils ne veulent pas revivre le passé. Ces militaires connaissent trop bien les dangers et les risques auxquels peuvent conduire l’intolérance et le sectarisme. Trop longtemps instrument de guerre, l’armée se veut la garante de la paix au Burundi et un exemple pour le continent africain.

Aujourd’hui, le Burundi envoie ses soldats en mission de la paix en Somalie, au Tchad et en Côte-d’Ivoire. Une tâche ingrate qui est aussi tout un symbole. Celui d’un pays qui tourne le dos aux violences du passé pour se consacrer après tant d’année perdues à son développement.  Pour le Burundi, l’avenir, c’est demain.

C'est donc avec une certaine fierté que je suis heureux d'avoir pu (un petit peu) contribuer aux cérémonies du 50ième anniversaire de l'Indépendance du Burundi et de faire ainsi découvrir et mieux connaitre le pays. Le film est visible pendant les mois de septembre et octobre 2012 sur toutes les lignes intercontinentales de la compagnie Brussels Airlines y compris les vols vers les USA.

Philippe Lamair.