Blessé par balles le président mauritanien soigné en France
Afrique

@rib news, 15/10/2012 – Source AFP

 Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, 55 ans, est arrivé en France, dimanche 14 octobre, pour être soigné après avoir été blessé par balles, la veille, non loin de la capitale mauritanienne, Nouakchott. Transféré à son arrivée vers l'hôpital militaire de Percy, à Clamart, dans la banlieue parisienne, il devait y recevoir des soins « complémentaires ».

Dès dimanche matin, le chef de l'Etat, pâle mais s'exprimant clairement, est apparu à la télévision nationale, sur son lit d'hôpital et le drap tiré jusqu'au cou. « Je veux rassurer les citoyens mauritaniens sur ma santé après cet incident commis par erreur par une unité de l'armée sur une piste non goudronnée dans les environs de la localité de Tweila », a-t-il déclaré.

Selon la version des autorités mauritaniennes, le chef de l'Etat aurait été visé par erreur par une unité mobile de l'armée. Une version qui soulève des doutes, localement, au regard de la situation tendue dans la région après l'adoption à l'unanimité, par le Conseil de sécurité de l'ONU, de la résolution préparant une intervention militaire dans le Nord du Mali, frontalier, sous la coupe de groupes djihadistes.

Comme il en a parfois l'habitude, le président mauritanien se déplaçait seul, samedi, avec son cousin Ahmed Ould Abdel Aziz à bord d'un véhicule de type V8 dans les environs d'Akjoujt. Parvenu à une quarantaine de kilomètres de Nouakchott, non loin de Tweila, le véhicule ne se serait pas arrêté à un barrage mobile de l'armée, déployée en nombre en raison d'un rallye organisé en présence de nombreux expatriés occidentaux travaillant dans le secteur minier.

La voiture présidentielle, non identifiée, aurait poursuivi sa route sans prêter attention aux premiers tirs de sommation. Prise en chasse, elle aurait été alors mitraillée de 14 balles. Touché à l'abdomen, Mohamed Ould Abdel Aziz a été conduit à l'hôpital militaire de Nouakchott, où il a subi une intervention chirurgicale, sans que ses jours paraissent en danger.

Depuis Kinshasa où il se trouvait pour assister au Sommet de la francophonie, le ministre des affaires étrangères mauritanien, Hamadi Ould Hamadi, est à son tour intervenu pour assurer que le président "exerce la plénitude de ses pouvoirs". "L'Etat fonctionne, il n'y a aucun problème particulier qui nécessite des dispositions particulières", a-t-il ajouté.

RAIDS CONTRE LES DJIHADISTES

Le général Mohamed Ould Abdel Aziz a été porté au pouvoir par un putsch en août 2008, avant d'être élu président en 2009. Menacé par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui l'a accusé de mener une "guerre par procuration" pour les Français, il a fait du combat contre le terrorisme sa priorité, en ordonnant des raids contre les djihadistes jusque dans le nord du Mali en 2010 et 2011, notamment lors de la tentative de libération de l'otage français Michel Germaneau tué par ses ravisseurs, et en créant des postes-frontière tout autour du pays. "La thèse de l'accident est plausible, mais vu le contexte, le doute est bien réel, d'autant que ce type de déplacement du chef de l'Etat est fréquent", indique une source au Monde.

Alors qu'une opération militaire ouest-africaine, soutenue par l'ONU, est en préparation pour reconquérir le nord du Mali - le président de la Mauritanie a affirmé que son pays n'y participerait pas avec des troupes au sol -, un chef djihadiste a accusé, samedi, le président François Hollande de mettre "en danger" la vie des otages français au Sahel en soutenant cette intervention.

« Lui-même, sa vie est désormais en danger. Il faut qu'il le sache », a déclaré Oumar Ould Hamaha, membre du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), joint par téléphone depuis Bamako.