Burundi : le procès en appel d'un journaliste de RFI de nouveau ajourné
Justice

@rib News, 18/10/2012 – Source AFP

Le procès en appel d'un journaliste burundais de RFI, Hassan Ruvakuki, condamné en première instance à perpétuité pour actes de terrorisme, a de nouveau été ajourné jeudi, à l'issue d'une seule nouvelle journée d'audience, a annoncé le tribunal qui le juge. Le procès en appel du journaliste et de ses 22 co-accusés avait débuté le 8 octobre mais avait déjà été reporté au 18 octobre à l'issue de la première journée d'audience.

Nous avons reçu une lettre du gouverneur de la province disant que vendredi, il y a la fête ici à Gitega du lancement du centenaire de la ville, a expliqué le président du tribunal, Fulgence Ruberintwari. Donc le procès ne pourra pas continuer demain, a-t-il ajouté, annonçant, dans un concert de protestations de la défense, la poursuite de l'audience le 25 octobre.

Dans la matinée, la défense de M. Ruvakuki avait expressément demandé à la Cour de désormais poursuivre les débats sans interruption, pour que le journaliste, qui nie les accusations portées contre lui, puisse s'exprimer rapidement. M. Ruvakuki n'a pas eu la parole jeudi.

Hassan Ruvakuki croupit en prison depuis près d'une année pour rien, il veut donc être rapidement entendu pour montrer qu'il est innocent, avait déclaré Me Onésime Kabayabaya.

Nous vous demandons avec insistance (...) que le procès soit instruit de façon ininterrompue parce qu'il veut être blanchi rapidement pour pouvoir rejoindre sa famille et reprendre son métier, avait-il ajouté.

A l'annonce du nouvel ajournement, l'avocat a dénoncé une décision qui vient démontrer une nouvelle fois que la justice burundaise est sous les ordres de l'exécutif. Le vendredi 19 octobre n'est pas un jour férié au Burundi, a-t-il souligné.

Correspondant de Radio France Internationale en swahili, M. Ruvakuki travaille aussi pour la radio burundaise privée Bonesha.

Le 20 juin, il avait été déclaré coupable en première instance d'avoir organisé une attaque lancée par une nouvelle rébellion à partir de la Tanzanie en novembre 2011, puis d'en avoir fait la publicité. L'attaque avait fait des dizaines de morts à Cankuzo, dans l'est du Burundi.

Au premier jour du procès en appel, les avocats de la défense avaient déjà dénoncé des violations massives des droits de la défense et des règles de procédure en première instance, et demandé à ce que des innocents ne restent pas en prison.

L'un d'eux avait affirmé que M. Ruvakuki s'était rendu en Tanzanie pour faire son métier de journaliste, pour faire un reportage sur une rébellion qui était en train de naître.

En première instance, outre M. Ruvakuki, treize de ses co-accusés avaient été condamnés à la réclusion à perpétuité et neuf, accusés de complicité, avaient écopé de 15 ans de prison.

De nombreuses personnes étaient encore venues jeudi assister à la reprise du procès en appel, organisé sous haute protection policière.

Des diplomates étrangers, notamment de France, des Etats-Unis et de Belgique étaient présents dans la salle.