Zuma échappe à la censure mais s'explique au Parlement
Afrique

@rib News, 15/11/2012 – Source AFP

 L'ANC au pouvoir en Afrique du Sud a bloqué jeudi une motion de censure contre Jacob Zuma, qui a été cependant malmené durant une séance de questions au Parlement où il est apparu sur la défensive, notamment sur l'affaire de sa propriété familiale de Nkandla.

Les huit partis d'opposition avait déposé une motion de censure contre Zuma, le critiquant pour son manque de leadership face aux nombreux défis du pays : ralentissement économique, grèves violentes, chômage, corruption, affaiblissement et politisation du système judiciaire.

L'opposition n'avait aucune chance de renverser M. Zuma, le Congrès national africain (ANC) disposant de 264 sièges de députés sur 400, mais elle souhaitait marquer le coup, à un mois d'un grand congrès de l'ANC où M. Zuma, 70 ans, espère se succéder à lui-même à la tête du parti.

Privée de débat, après que sa motion a été rayée de l'ordre du jour, l'opposition s'est finalement largement rattrapée à l'occasion de la séance trimestrielle de questions orales.

« Le pays est en pleine crise en ce moment, le niveau des troubles et de désobéissance civile augmente chaque jour (...) pourquoi êtes-vous aussi silencieux ? », a attaqué l'ancien ministre Mosiuoa Lekota, leader du COPE, un parti d'opposition, regroupant des dissidents de l'ANC.

La jeune Lindiwe Mazibuko, chef du groupe parlementaire du principal parti d'opposition Alliance Démocratique (DA), 32 ans, a carrément demandé au président d'expliquer au pays pourquoi il méritait de continuer à son poste.

Avant de l'étriller sévèrement sur l'usage de millions d'argent public pour la sécurité de la propriété de M. Zuma à Nkandla, au Kzazulu-Natal (Est).

D'abord sûr de lui, le président a martelé à plusieurs reprises que le pays était stable, que la démocratie y fonctionne, que l'Afrique du Sud n'était pas le seul pays au monde où l'on fait grève, en référence à la vague de grèves violentes qui secouent le pays depuis août.

Il a aussi balayé les critiques sur son manque de leadership, complètement à côté de la plaque.

« Quand c'est produit Marikana, les leaders ont immédiatement réagi, l'église, les leaders coutumiers, et le gouvernement », a-t-il dit, alors que sa présidence restera à jamais entachée par le pire massacre depuis la fin de l'apartheid, quand la police a abattu 34 mineurs en grève en août à Marikana (nord).

La susceptibilité du président est apparue en revanche entamée par le réquisitoire de l'opposition contre sa propriété de Nkandla.

Il s'est très longuement étendu sur le sujet, soulignant s'être plié aux recommandations officielles pour la mise aux normes de sécurité des lieux, vitres blindées, enceinte de sécurité, logements pour des vigiles, etc.

« On me l'a demandé et conseillé, et c'était en effet nécessaire », a-t-il dit.

« Mais la maison qu'on montre à la télévision n'a pas été construite au frais du gouvernement, ce n'est pas vrai, elle a été payée par la famille Zuma, je paye encore un crédit ».

« C'est un mensonge, c'est injuste, s'est-il plaint. On me met tout sur le dos (...) on a fait croire au pays que le gouvernement a construit une maison pour moi, et ce n'est pas vrai ».

La jeune Mazibuko lui a rétorqué à l'Assemblée puis dans un communiqué, l'accusant de jouer les victimes pour éviter les questions.