Burundi : Les contentieux fonciers clivent profondément la société
Société

RFI, 21 novembre 2012

Burundi : des réfugiés de retour d’exil découvrent leurs terres occupées

Au Burundi, quelque 500 000 réfugiés sont rentrés d’exil depuis 2002, mais bon nombre de ces rapatriés, qui avaient fui le pays depuis 1972, ont eu la désagréable surprise de découvrir à leur retour que leurs terres étaient occupées.

Jusqu’ici, la commission en charge des contentieux fonciers avait privilégié, dans le cadre de la réconciliation nationale, le partage de la terre entre l’ancien propriétaire et le nouvel occupant. Mais les choses ont changé depuis quelques temps, au risque de réveiller de vieux démons.

La Commission nationale terres et autres biens (CNTB), a changé radicalement de cap sous l’impulsion de son président, Mgr Sérapion Bambonanire. Le prélat privilégie désormais la restitution intégrale des biens spoliés, terres, maisons ou plantations aux anciens réfugiés burundais de retour au pays. Les occupants sont parfois jetés à la rue, purement et simplement.

Mgr Bambonanire n’hésite même pas à revenir sur des cas déjà réglés à l’amiable avant sa nomination, des décisions qu’il assume au nom de la justice. « Au nom de quel principe, dites-moi, on peut trouver une raison pour que quelqu’un partage sa terre avec quelqu’un d’autre ? » s’interroge-t-il.

Ces décisions, qui touchent à ce que les Burundais, qui vivent encore à 90% de l’agriculture, ont de plus précieux, clivent profondément la société. À certains endroits, on en est déjà venu aux mains. La société civile, l’opposition, estiment aujourd’hui que Mgr Sérapion Bambonanire est un « danger » pour la paix civile. « Il y a des tensions réelles, explique Charles Nditije, président du parti Uprona. Je suis en train de pousser un cri d’alarme, si on ne met pas fin à cette dérive, la paix civile est en danger ».

Mais l’homme d’église reste droit dans ses bottes. « Je crains plutôt, dit-il, la guerre que pourrait mener ceux qui ont été spoliés s’ils ne sont pas rétablis dans leurs droits ».