Burundi : Adoption de la nouvelle CENI dans la plus grande discrétion
Politique

RFI, 05 décembre 2012

Burundi : le Parlement adopte une nouvelle commission électorale en catimini

 Au Burundi, le Parlement, dominé par le parti présidentiel, a adopté mardi 4 décembre, presque en catimini, une nouvelle commission électorale qui doit organiser les élections générales de 2015 au Burundi, dont une présidentielle et des législatives, après celles de 2010 boycottées par l’opposition.

Problème : le président burundais, Pierre Nkurunziza, a reconduit les deux principaux membres de la Commission électorale nationale indépendante (la Céni) dans leurs fonctions. Il s'agit de deux hommes qui ont perdu tout crédit aux yeux de l’opposition, qui les accuse de rouler pour le pouvoir.

 

Il y a trois mois, le Parlement burundais avait renoncé, à la dernière minute, à approuver la composition d’une nouvelle commission électorale devant le tollé suscité par la reconduction dans ses fonctions de Pierre-Claver Ndayicariye, président de la Céni sortant, et de son porte-parole Prosper Ntahorwamiye. Ils sont accusés tous deux par l’opposition d’être les responsables du fiasco électoral au Burundi.

Cette fois, tout s’est fait dans la plus grande discrétion et les députés ont voté à main levée, sans pratiquement débattre, contrairement aux usages. L’opposition burundaise regroupée au sein de la coalition Alliance des démocrates pour le changement (ADC)-Ikibiri a été prise de court. « C’est la provocation du peuple burundais, a déclaré son président, Léonce Ngendakumana . C’est le dénigrement du peuple burundais. Le Parlement vient d’opérer un coup d’arrêt au processus démocratique au Burundi ».

Le patron du parti Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD/FDD) au pouvoir dans ce pays assure lui que le Parlement burundais a fait plutôt le choix de l’expérience et de l’intégrité. « Est-ce que vous êtes sûrs que ceux qui les décrient vont participer aux élections ? a interrogé Pascal Nyabenda. On n’est pas sûrs. C’est pourquoi on ne peut pas prendre une position parce que les gens décrient. On regarde tout simplement le bien du pays et l’intérêt national ».

Un diplomate, contacté par RFI s’est dit inquiet, estimant que le pouvoir burundais semble avoir fait le choix de la confrontation et non de l’apaisement.