Burundi : 2 ans et demi de prison requis contre l'opposant Alexis Sinduhije
Justice

@rib News, 19/02/2009 – Source AFP

Alexis SinduhijeLa justice burundaise a requis une peine de 2 ans et demi de prison jeudi à Bujumbura contre l'ancien journaliste et opposant burundais, Alexis Sinduhije, arrêté le 3 novembre 2008 et poursuivi pour outrage au chef de l'Etat.

« Accuser un chef d'Etat en fonction de vols et de tueries et dire que c'est lui qui vole et tue va au-delà de la critique politique et si Alexis Sinduhije pense que c'est ça la critique politique, je lui conseille d'abandonner la politique », a accusé le procureur Alexis Nduwimana.

« La loi reconnaît le droit à l'expression, mais elle en prévoit des limites et c'est pour ça que nous requérons une peine de 2 ans et 6 mois de peine principale et une amende de 30.000 francs burundais (25 dollars) », a-t-il dit.

M. Sinduhije est poursuivi pour « avoir écrit dans un message, je cite, "la responsabilité dans les affaires de corruption et d'assassinats commandités par le parti CNDD-FDD (parti présidentiel) sont de la responsabilité de celui qui passe son temps dans des croisades de prière sans fin" », a indiqué le magistrat burundais.

Le président burundais Pierre Nkurunziza organise régulièrement de grandes cérémonies de prière à travers le pays.

« Nous respectons les autorités de ce pays, mais cela ne nous interdit pas de les critiquer lorsque nous constatons des fautes », a déclaré M. Sinduhije devant le tribunal dans un discours très applaudi par des centaines de sympathisants qui suivaient le procès à l'extérieur grâce à des hauts parleurs.

Une centaine de policiers avaient été déployés aux abords du palais de justice de Bujumbura, en interdisant l'accès.

« Nous respectons le président mais nous n'avons pas peur de lui, c'est pourquoi nous avons décidé de l'affronter sur le terrain politique (...); je peux vous assurer que ce procès a été organisé pour nous empêcher de participer à la compétition à venir », a lancé M. Sinduhije.

Le Burundi doit organiser en 2010 des élections générales, notamment présidentielle, législatives et sénatoriales.

« Au terme de ce débat très important, la défense demande la relaxe et elle vous dit que si Alexis Sinduhije est condamné, vous aurez étouffé et étranglé la parole dans ce pays », a lancé Bernard Maingain, l'avocat belge de l'opposant.

La Cour a deux mois pour annoncer son verdict, selon la loi burundaise.

M. Sinduhije, 42 ans, est un des plus célèbres journalistes burundais. Il a lancé son parti d'opposition, que le gouvernement a refusé jusqu'à présent d'agréer, après avoir renoncé en décembre 2007 à diriger l'une des stations privées les plus écoutées du pays, la Radio publique africaine (RPA).