Centrafrique : La force africaine hausse le ton. Des pourparlers en vue
Afrique

@rib News, 02/01/2013 – Source AFP

La Force multinationale d'Afrique centrale (Fomac) déployée en Centrafrique a clairement prévenu mercredi la rébellion que toute tentative de marcher sur Bangui serait considérée comme « une déclaration de guerre », un avertissement que les rebelles, qui ne font plus mouvement, semblent prendre au sérieux.

Après avoir enlevé plusieurs villes du nord et du centre depuis le 10 décembre face à une armée centrafricaine (Faca) incapable de lui résister, la rébellion du Séléka campe à Sibut, à 160 km au Nord de la capitale centrafricaine.

Dans sa ligne de mire déclarée, la ville de Damara, dernier verrou à 75 km de Bangui où est positionnée la Fomac, qui s'est renforcée ces derniers jours.

« Nous ne cèderons pas Damara, que ce soit clair. Si les rebelles attaquent Damara, c'est une déclaration de guerre, cela veut dire qu'ils ont pris la résolution d'engager les 10 Etats d'Afrique centrale. Je ne pense pas sincèrement qu'ils en arriveront là », a déclaré mercredi matin à la presse à Bangui le général Jean-Félix Akaga, chef de la Fomac.

Les effectifs de la Fomac, dont le gros des troupes est tchadien, devraient atteindre 760 hommes à la fin de la semaine, selon une source au sein de la Fomac.

A ces effectifs, s'ajoutent 600 soldats envoyés par la France, l'ancienne puissance coloniale pour officiellement protéger et, éventuellement, évacuer ses ressortissants.

Le chef de l'Etat tchadien, Idriss Déby Itno, président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) et allié du président Bozizé, qu'il a aidé à prendre le pouvoir en 2003, avait déjà prévenu lundi que Damara constituait "une ligne rouge à ne franchir par aucune des deux parties".

Les troupes tchadiennes sont officiellement déployées dans le cadre de la Fomac, mise en place en 2008 pour aider à la stabilisation du pays, et qui était dans un processus de retrait définitif au moment du début de l'offensive rebelle.

« Bangui militairement est protégée », a assuré le général Akaga, réaffirmant que la Fomac s'interposait pour empêcher une reprise des hostilités alors que le front s'est stabilisé depuis la fin de la semaine dernière,

Les pays d'Afrique centrale réclament depuis le 21 décembre la tenue de pourparlers à Libreville, au Gabon, entre le gouvernement et la rébellion.

« Nous sommes dans un statu quo. Je pense qu'il y a une volonté de part et d'autre d'attendre les négociations à Libreville », a dit le général Akaga.

Les rebelles acceptent de négocier

Les rebelles centrafricains ont annoncé mercredi qu'ils suspendaient leur progression et acceptaient des pourparlers de paix avec le gouvernement centrafricain, qui pourraient commencer le 8 janvier à Libreville.

« Je confirme que nous avons décidé de suspendre l'offensive en direction de Bangui et nous allons envoyer une délégation au Gabon en vue de participer aux pourparlers de paix », a déclaré le porte-parole de la coalition rebelle du Séléka, Eric Massi.

« Normalement, ces négociations doivent avoir lieu le 8 janvier à Libreville. Il semblerait que la date du 8 janvier soit confirmée », a indiqué mercredi une source diplomatique.

Le président congolais Denis Sassou Nguesso dirigera ces pourparlers en qualité de président du comité de suivi chargé de faciliter le dialogue entre les parties en conflit en République centrafricaine, a ajouté la source.

Le porte-parole du Séléka a rappelé que les rebelles exigeaient le départ du pouvoir du président centrafricain François Bozizé. « Le départ du président Bozizé reste toujours pour nous une exigence parce que nous mettons en doute sa sincérité », a-t-il déclaré.

François Bozizé s'est, lui, déclaré prêt à un dialogue sans condition en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale. Au sein de l'opposition centrafricaine, des voix commencent à s'élever pour être associées aux pourparlers.

« Je suis en faveur de pourparlers à Libreville, mais j'exige que tous les partis centrafricains soient associés », a déclaré Nelson Ndjadder, coordonnateur et délégué Europe de la Convention patriotique pour le salut wa kodro (CPSK), une composante minoritaire de la rébellion.