Pourparlers à Libreville entre les acteurs de la crise en Centrafrique
Afrique

@rib News, 09/01/2013 – Source Reuters

Les médiateurs du conflit en République centrafricaine ont appelé mercredi le gouvernement de Bangui et les rebelles du Séléka à signer un cessez-le-feu à l'ouverture de pourparlers à Libreville, au Gabon.

Passés à l'offensive le 10 décembre, les insurgés du Séléka - "coalition" en langue sango - campent depuis deux semaines à 75 km de Bangui, la capitale. Ils accusent le président François Bozizé d'être revenu sur un des accords de paix de 2007 qui prévoyaient une indemnisation pour les anciens combattants acceptant de déposer leurs armes.

"Je demande à tout le monde de faire preuve de retenue et dans ce contexte, nous allons proposer au début des pourparlers qu'un accord de cessez-le-feu soit signé", a déclaré Basile Ikouebe, ministre des Affaires étrangères du Congo.

Alors que les discussions s'annoncent tendues, les représentants du Séléka à Libreville ont distribué un document demandant que François Bozizé soit poursuivi devant la Cour pénale internationale pour "actes de crimes de guerre et crimes contre l'humanité perpétrés contre des civils dans le nord et le nord-est (du pays) en 2002", faisant référence à la rébellion qui l'a porté au pouvoir.

Les rebelles se sont dits prêts à examiner les moyens de parvenir à une transition politique mais ont exclu que le président Bozizé reste au pouvoir.

François Bozizé s'est dit quant à lui prêt la semaine dernière à partager le pouvoir avec eux jusqu'à la fin de son mandat en 2016, tout en promettant qu'il ne se représenterait pas.

APPELS À LA DÉMISSION

Neuf partis de l'opposition centrafricaine, qui participent également aux pourparlers, ont par ailleurs réclamé mercredi le départ du président Bozizé, l'accusant d'avoir falsifié les élections en 2005 et 2011 et d'avoir isolé le pays.

"La démission du président Bozizé et l'établissement d'une transition politique est une condition sine qua non pour mettre fin à la crise", a déclaré l'opposition politique dans un communiqué commun qu'a pu consulter Reuters.

Ces partis ont également exigé la suspension de la constitution, ainsi que la nomination d'un gouvernement de transition et d'une assemblée nationale, ce pour une durée qui n'excède par trois ans avant la tenue d'élections.

Outre l'opposition centrafricaine, des diplomates de l'Union européenne et de pays occidentaux dont la France, ancienne puissance coloniale, assistent aux discussions de Libreville.

Mardi, le président centrafricain avait accusé le Séléka d'être composés d'étrangers en armes, à la solde d'intérêts commerciaux suspects.

"La question de mon départ est déplacée. J'ai été élu deux fois comme chef de l'Etat avec plus de 70% des suffrages. Je suis ici et c'est tout", a-t-il déclaré à des journalistes.

"D'après les informations dont je dispose (...) il y a parmi ces rebelles des Janjaouid (milices soudanaises) et des étrangers venus de pays voisins", a-t-il ajouté.

Arrivé au pouvoir à la faveur d'une insurrection en 2003, François Bozizé a remporté les élections présidentielles en 2005 et 2011, entachées de fraudes selon l'opposition, et a réussi à se maintenir au pouvoir grâce à une assistance militaire étrangère, notamment de la part de chefs d'Etats de la région.

La France, qui était intervenue en 2006 à la demande du président centrafricain, a décidé cette fois de ne pas s'immiscer dans le conflit.

Des Etats de la région - principalement le Tchad, mais aussi le Congo, le Gabon, le Cameroun et l'Afrique du Sud - ont fourni à Bangui plusieurs centaines de soldats pour épauler les forces armées gouvernementales.