Le Rwanda accuse le TPIR de négliger les véritables coupables
Afrique

@rib News, 08/02/2013 – Source Reuters

Le Procureur général du Rwanda s'est ému de la décision du Tribunal pénal international sur la Rwanda (TPIR) de casser en appel la condamnation de deux anciens ministres et d'ordonner leur mise en liberté immédiate.

En septembre 2011, Justin Mugenzi et Prosper Mugiraneza ont été reconnus coupables de complot en vue de commettre un génocide et d'incitement direct et public en vue d'un génocide. Ils avaient été condamnés par le TPIR, qui siège à Arusha, en Tanzanie, à une peine de 30 ans de réclusion criminelle. Ils ont été acquittés en appel par cette juridiction internationale, qui a relevé des erreurs commises par la Cour en première instance dans l'évaluation des éléments de preuve.

Lors d'une conférence de presse cette semaine à Kigali, le procureur général du Rwanda, Martin Ngoga, a fait part de son "désaccord sérieux" quant à la libération des deux anciens responsables politiques. "C'est inquiétant parce que la tendance va dans le sens d'une exonération des dirigeants politiques de la responsabilité du génocide", a ajouté le magistrat en faisant allusion au génocide du printemps 1994 qui fit quelque 800.000 morts parmi la minorité tutsie et les Hutus modérés.

"On va se retrouver dans une situation dans laquelle le TPIR reconnaît la culpabilité de ("génocidaires") de base tout en négligeant les gros bonnets". "Pour ce qui concerne les Rwandais, (le TPIR est) en train de démanteler son image, son héritage", a-t-il ajouté, visiblement courroucé.

Ibuka, l'organisation regroupant des rescapés du génocide, a également reproché au TPIR de libérer petit à petit des membres de l'ancien gouvernement de Kigali qui ont été reconnus coupables. "Quels succès ce tribunal à gros budget a-t-il engrangés ?", s'est interrogé Naphtal Ahishakiye, d'Ibuka, en manifestant sa déception.

Pour sa part, le porte-parole de cette juridiction, Roland Amoussaga, a souligné que le TPIR avait envoyé un message très clair stipulant que personne n'était au-dessus de la loi. D'après lui, les jugements rendus reposent sur des éléments de preuve et des faits. "Nous ne sommes pas une juridiction politique, nous sommes une chambre de justice", a-t-il dit, joint par téléphone.

Les détracteurs du Tribunal d'Arusha lui reprochent sa lenteur et son coût d'un milliard de dollars. Ils lui reprochent de concentrer ses efforts sur les Hutus qui ont mené le génocide anti-tutsi, sans se soucier d'éventuels crimes de guerre commis par l'autre camp.