Dévaluation du Franc-Bu : Faut-il pour crier haro sur le baudet ?
Opinion

@rib News, 21/02/2013

La valeur de la monnaie burundaise :

Au-delà des mots, les chiffres en disent long

Par Hassan Ngendakumana

Dès leur premier cours d’Economie, une vérité de base est enseignée aux étudiants : l’économie n’évolue pas de manière linéaire, mais connait des cycles. L’analyse économique nous apprend que les cycles se rétrécissent et que désormais, presque toutes les économies alternent phases de récession et de croissance.

S’il est exact que depuis un certain temps la monnaie burundaise a diminué de valeur, on semble oublier que c’est une correction qui s’explique par l’explosion de la crise financière et économique que les Etats ont du mal à traverser. De plus il faut reconnaitre qu’il y a une grande hypocrisie dans les débats sur la guerre des monnaies. D’une manière ou d’une autre, la devise fait partie du carquois dont les Etats disposent pour équilibrer leurs échanges extérieurs et favoriser leurs économies.

En essayant d’analyser l’historique de la monnaie burundaise depuis l’an 1970, nous remarquons qu’approximativement :

En 1970 : un Dollar US équivalait à 87,50 Francs Burundais

En 1980 : un Dollar US équivalait à 130,70 Francs Burundais

En 1990 : un Dollar US équivalait à 264,40 Francs Burundais

En 1996 : un Dollar US équivalait à 408,40 Francs Burundais

En 2003 : un Dollar US équivalait à 1082,60 Francs Burundais

En 2013 : un Dollar US équivaut à 1650,55 Francs Burundais

Des lors, on constate que de 1970 à 1980 la valeur de la monnaie burundaise a diminué de 49% face au Dollar, que de 1980 à 1990 la valeur de la monnaie burundaise a diminué de 102 % face au Dollar, que de 1990 à 1996 la valeur de la monnaie burundaise a diminué de 54 % face au Dollar, que de 1996 à 2003 la valeur de la monnaie burundaise a diminué de 165 % face au Dollar, que de 2003 à 2013 la valeur de la monnaie burundaise a diminué de 52 % face au Dollar.

Même si j’admets que la valeur monétaire est fortement influencée par les facteurs comme :

1. Conditions politiques dans le pays (la stabilité du gouvernement),

2. Situation économique (l'emploi, le chômage, l'éthique du travail, les infrastructures, l'inflation),

3. Perception de l'extérieur (Nouvelles, médias, cinéma, les journaux, les rumeurs et spin),

4. Démographie (Une population jeune, une taille croissante de la main-d'œuvre),

5. Les dirigeants nationaux, (la fiabilité et amabilité des dirigeants politiques, des personnalités sportives),    les propriétaires d'entreprise et des célébrités),

6. Ressources naturelles (La nature et le montant de l'exploitation des ressources naturelles d'un pays).

7. Les facteurs météorologiques (la sécheresse, tsunami, tremblement de terre et les inondations)

8. Guerre et conflits (La force militaire et  la technologie, leur volonté d'aller à la guerre),

9. Education (les langues parlées, le niveau de connaissances informatiques, la connectivité Internet,  la culture et la religion. Les scientifiques, les entrepreneurs, les auteurs et les inventeurs),

Faut-il pour autant crier haro sur le baudet ?

Les chiffres nous montrent que pendant la période d’embargo (1996-2003) la valeur de notre monnaie à chuté de 165 %  et que pendant la période du régime CNDD-FDD, elle n’a chuté que de 52%. Ce serait donc à la fois hypocrite et contre productif d’affirmer que la monnaie burundaise est en train de devenir le tendon d’Achille du régime ou tout simplement oser dire ou écrire que la monnaie burundaise connait une situation pire que pendant l’embargo.

Même si… faut pas oublier !

Hassan NGENDAKUMANA