Les Burundais de Liège saluent la visite de leur Ambassadeur
Diaspora

@rib News, 13/04/2013

L’Ambassadeur Félix Ndayisenga prône une diplomatie de proximité

De notre envoyé spécial à Liège, Jérôme Bigirimana

 Une diplomatie plus dynamique et effective, telle est la nouvelle image que l’Ambassadeur Félix Ndayisenga veut impulser à l’ambassade du Burundi à Bruxelles. Il se veut surtout un diplomate de la véranda, proche des gens et non pas toujours celui de la salle climatisée.

C’est dans ce cadre que l’Ambassadeur Ndayisenga organise un cycle de consultations avec les Burundais de Belgique. Nommé Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire à Bruxelles en juin 2012, la rencontre organisée ce vendredi 12 avril à Liège était une première rencontre directe avec la Diaspora burundaise de Belgique. Rencontre test donc et de laquelle il est ressorti très apprécié, à en croire les témoignages des participants recueillis par ARIB.INFO à la fin de la rencontre.

Longtemps considérée comme une menace extérieure du pays et donc à mettre à l’écart de la gestion du pays, le pouvoir actuel chercherait désormais à intéresser et à impliquer davantage la Diaspora burundaise dans l’amélioration de l’image et le développement du Burundi.

Vis-à-vis de la Diaspora burundaise

 Pour l’Ambassadeur Ndayisenga (photo), la rencontre de Liège est « une visite normale et amicale. Je suis ici comme Ambassadeur parce qu’il y a des Burundais dont je suis chargé de défendre intérêts. Je suis donc parmi mes frères, mes compatriotes. »

Mais, à côté de la proximité, on pouvait y décrypter aussi une mission politique : informer et sensibiliser les Burundais de l’extérieur à l’évolution actuelle du pays, et les amener à réfléchir ensemble sur des projets fédérateurs.

Ainsi, dans son intervention, l’Ambassadeur Ndayisenga s’est beaucoup attardé sur la situation sociopolitique afin de mettre à jour ceux qui ont quitté le pays il y a très longtemps et qui ne suivent pas régulièrement ce qui s’y passe. Il a commencé par faire éloge des grandes réalisations du pays en énumérant les trophées récemment décrochés par le Burundi ou par des Burundais dans les compétitions internationales. Mais par la suite, il n’a pas oublié de relever les nombreux défis qui hantent le Burundi en matière de développement et de respect de droits de l’Homme.

Et c’est justement sur ces défis que s’est basé l’essentiel des échanges et c’est aussi par là que l’Ambassadeur Ndayisenga a lancé un appel à tous les Burundais de Belgique à contribuer au développement chacun comme il peut, sur sa colline natale ou au niveau national. En contrepartie, l’Ambassade promet d’être actif et effectif en faveur des intérêts des Burundais de Belgique.

De nombreux défis pour le pays mais également pour la Diaspora burundaise de Belgique. La ville de Liège, regorgeant beaucoup d’étudiants, plusieurs questions étaient liées à l’enseignement, à la bourse insuffisante ou parfois même refus de Visas pour des boursiers du Gouvernement et des programmes d’enseignement inadaptés au Burundi qui font que certaines Universités de Belgique exigent de certains étudiants burundais à commencer par une année préparatoire avant d’entamer leur cursus de Master.

 Mais également, des problèmes de tout le monde comme l’obtention de passeports biométriques à partir de Belgique, des permis de conduire burundais non acceptés en Belgique, des questions liées à la bonne gouvernance et à la sécurité au Burundi, des membres des partis d’opposition qui continuent d’être intimidés ou même parfois tués, etc.

A propos du climat récent de méfiance entre certaines associations au sein de Diaspora burundaise en Belgique, l’Ambassadeur Ndayisenga dit y voir plutôt quelque chose de positif contrairement aux autres discours ce sujet. « Je n’y vois aucun fond de division, mais un dynamisme de recherche de voies et moyens pour pouvoir finalement se structurer, s’organiser, se mettre en place efficacement afin de mieux répondre à l’appel du gouvernement à participer à la vie nationale », a fait savoir Ndayisenga.

Et comme ces associations sont des personnes morales et de droit belge, l’Ambassadeur dit n’avoir aucune prérogative sur leur gestion et ne peut donc pas s’immiscer dans leurs affaires. « Tout ce que nous pouvons faire, c’est de les encourager à réaliser des projets communs, les appeler à collaborer et à répondre massivement à notre appel lors des événements fédérateurs », a renchéri le l’Ambassadeur Ndayisenga.

Une première à Liège

Pour être le premier Ambassadeur burundais à les rencontrer chez eux, les Burundais de Liège attribuent à l’Ambassadeur Ndayisenga une note de 8/10. Une « grande distinction » qui l’encourage certainement à poursuivre ses rencontres à Anvers, Bruxelles, Namur, etc. « Initiative louable », « c’est inédit », voilà les mots qui revenaient souvent chez les participants interrogés sur place.

 Parmi eux, Dr Athanase Bakunda (photo), 27 ans en Belgique, nous livre son impression : « Durant les 27 ans, je n’ai vu aucun ambassadeur venir à Liège pour nous rencontrer. C’est nous qui allions vers lui et non l’inverse. La rencontre d’aujourd’hui était  plus que souhaitée depuis longtemps. Nous avions besoin de trois choses : (1) un ambassadeur qui nous  rend visite chez nous, (2) une ambassade qui sert effectivement les Burundais au lieu de jouer à la sûreté de l’Etat et (3) qui veille à la bonne entente entre les Burundais sans considération politique, ethnique, religieuse ou régionale. Et tout cela, nous l’avons eu avec l’Ambassadeur Ndayisenga. Ici à Liège, on est alors satisfaisait et on a été visité en premier. »

Même emballement pour d’autres participants interrogés dont Mme Goreth Kaneza, aussi très satisfaite. « C’est la première fois qu’un diplomate vient rencontrer les Burundais de Liège. J’ai appris beaucoup de choses. Seulement, le temps nous a manqué  », nous a-t-elle confié.

Il est évident que toute l’équipe de l’Ambassade du Burundi s’émerveille de l’enthousiasme et de la forte participation que Liège leur a témoignée. 

Cependant, comme bémol, en plus de nombreuses questions restées sans réponses par manque de temps, un participant qui a préféré garder l’anonymat, égratigne au passage l’Ambassadeur Ndayisenga : « Les autorités burundaises ont l’habitude de vanter leurs réalisations et de relever des défis, sans nous montrer des solutions concrètes envisagées. Et lui aussi n’a pas échappé à la règle. On nous a montré d’où on vient, mais jamais on ne dit pas où on va ». Un clin d’œil à l’Ambassadeur Ndayisenga pour les prochaines rencontres. [Fin]