Burundi : Les illusions des journalistes volent en éclat
Droits de l'Homme

RFI, 20 avril 2013

Le Sénat burundais valide une loi sur la presse jugée liberticide par le syndicat des journalistes

Au Burundi, la mobilisation autour des journalistes et les condamnations par les organisations internationales n’ont pas suffi. Vendredi 19 avril, le Sénat a adopté à son tour la loi sur la presse qualifiée de « liberticide » par le syndicat des journalistes burundais. Le Sénat n'a apporté que de légères modifications au texte voté par l'Assemblée nationale il y a une quinzaine de jours.

Les illusions des journalistes présents dans l’hémicycle n’auront pas fait long feu. Trois ou quatre interventions de sénateurs issus du parti au pouvoir ont suffi pour qu’ils comprennent qu’il ne fallait rien attendre de la Chambre haute du Parlement, très largement dominée par le parti CNDD-FDD.

Morceau choisi avec ce sénateur, considéré comme l’un des représentants de l’aile dure de l’ancienne rébellion au pouvoir dans ce pays : « La crise que nous traversons, c’est à cause des journalistes, fustige-t-il. Car, lorsqu’ils ont vu que leurs amis de l’opposition, qui venaient de perdre les élections, partaient en exil, ils ont décidé d’enlever leur costume de journaliste pour revêtir celui de politicien. Ils ont commencé à parler comme des opposants politiques. »

Deux heures de débats plus tard, le vote est tombé, sans surprise : 32 voix pour, 2 contre et 4 abstentions. Le Sénat du Burundi n’a fait que modifier légèrement le texte déjà adopté par l’Assemblée nationale. Alexandre Niyungeko, président de l’Union burundaise des journalistes, dénonce une nouvelle fois un projet de loi liberticide.

Il explique : « Quand bien même nous avons vu la petite modification ; là c’est clair, c’est la remise en cause même de la démocratie, du débat contradictoire ». Assemblée nationale et Sénat du Burundi vont maintenant s’accorder sur le même texte avant sa promulgation. Les journalistes burundais en appellent désormais au président Pierre Nkurunziza.