Burundi : La nouvelle loi va entraver le travail des journalistes
Droits de l'Homme

Deutsche Welle | 22.04.2013

Nouvelle loi de la presse au Burundi

Correspondance de Domitille Kiramvu, à Bujumbura.

Au Burundi, une loi vient d'être adoptée par les deux chambres du parlement. Cette loi oblige les journalistes burundais à révéler leurs sources et les frappe d'amendes fortes en cas de non-respect du texte.

Alors que le Burundi se prépare à organiser des élections en 2015 et qu'une partie des opposants rentrent au pays, les défenseurs des droits de l'Homme critiquent ces nouvelles dispositions qui pourraient entraver le travail des journalistes durant la campagne.

Le Secrétaire général du parti au pouvoir Cndd-Fdd, Gélase Daniel Ndabirabe, ne mâche pas ses mots. Il accuse les journalistes d’être burundais riches et de se comporter comme des larrons en foire avec l’opposition.

« On est en train de dire qu’on impose des amendes exorbitantes aux journalistes, mais ils ont beaucoup d’argent. Pour preuve, quand les autres politiciens avaient fui, les journalistes ont continué à plaider pour eux. Ils ont pris leur place au lieu de rester journalistes, ils ont changé en politiciens. Alors quel autre sort s’ils veulent jouer sur un terrain qu’ils ne maitrisent pas », a-t-il affirmé lors des débats au Sénat.

L’ex-président Domitien Ndayizeye actuellement Sénateur n’est pas de cet avis. Il dit que les journalistes comme la population doivent se comporter en politiques car la chose publique les concerne absolument.

« Le journaliste doivent suivre de prêt la politique, c’est parce que c’est lui qui nous informa sur les non-dits et les enjeux. Alors maintenant qu’on a opté pour le multipartisme, ça signifient qu’on a des opinions divergentes, nous avons lors besoin de ces gens-là qui collectent des idées d’un peu partout, les rendent public sur écran ou à travers des radios et puis chacun choisit son camp. Ne les blâmez pas donc. Même celui qui vient de parler ainsi a besoin d’eux », lui a-t-il rétorqué.

International Crisis Group (ICG) dit que cette loi montre à suffisance une manière du Gouvernement burundais de faire marche en arrière.

« Il est dommageable que ce projet de loi intervienne alors que la préparation des élections est déjà lancée, qu’elle a été lancée dans un atmosphère assez consensuel récemment et qu’il a déjà le retour des opposants au Burundi. Tout ceci était une dynamique positive et on a l’impression que cette dynamique va être remise en cause par cette loi », dit l’organisation.

Cette loi est décriée par les politiciens burundais, la population burundaise, et les colombes du parti présidentiel.