RSF adresse une lettre ouverte au président Pierre Nkurunziza
Droits de l'Homme

Reporters sans frontières, 7 mai 2013

Alerte : Danger pour la liberté de l'information au Burundi

Le 7 mai 2013, RSF a adressé une lettre ouverte au président Pierre Nkurunziza pour lui faire part de son inquiétude quant à la liberté de l'information au Burundi et pour lui demander de ne pas promulguer la loi sur les médias adoptée par le Parlement.

Voici le texte de la lettre :

Monsieur le Président,

Au lendemain de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, Reporters sans frontières vous demande solennellement de bien vouloir ne pas promulguer la loi sur les médias votée en avril par le parlement.

Adopté au début du mois par l'Assemblée nationale, puis le 19 avril par le Sénat, ce texte fait grandement débat, d'autant plus qu'il intervient dans un climat difficile pour la presse burundaise, déjà marquée par la longue incarcération de Hassan Ruvakuki et plusieurs agressions graves de journalistes.

Il ne faudrait pas interpréter, Monsieur le Président, les nombreuses protestations de la presse, des associations et des institutions internationales comme des réflexes de défiance à l'encontre de l'action gouvernementale en général. Ces réactions traduisent simplement une inquiétude légitime.

En restreignant les sujets accessibles aux journalistes et en augmentant lourdement les peines et amendes, le projet de loi limite considérablement la capacité d'investigation des médias et fait planer le risque d'une hausse de l'autocensure.

A deux ans des prochaines échéances électorales nationales, son adoption aurait donc des conséquences désastreuses pour le pluralisme, la transparence, et plus généralement la démocratie au Burundi.

C'est pourquoi, en cette période aussi grave que décisive, nous nous en remettons à votre bienveillance.

En faisant barrage à l'entrée en vigueur de ce texte, vous apporteriez la preuve de votre attachement à la liberté de l'information. Si au contraire vous promulguiez cette loi, vous enverriez un signal terriblement négatif à vos concitoyens, à la communauté internationale ainsi qu'à l'ensemble des partenaires du Burundi.

Notre organisation reste convaincue que vous saurez faire preuve de la hauteur de vue nécessaire pour laisser les médias jouer pleinement leur rôle, si nécessaire à la vitalité des démocraties.

Je vous remercie par avance de l'attention que vous voulez bien accorder à notre requête et je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma très haute considération.

Christophe Deloire

Secrétaire général de Reporters sans frontières