Un Burundais très attendu au semi-marathon de Troyes
Sports

L'Est Eclair, 12/05/2013

SEMI-MARATHON / Jean-Claude Niyonizigiye a pris du galon

 Troyes - Vainqueur en 2010, recordman de l'épreuve, le Burundais devenu caporal dans la Légion étrangère revient sur le parcours de ses exploits avec l'intention de remporter un deuxième succès

Jean-Claude Niyonizigiye va tenter ce matin d'inscrire pour la deuxième fois son nom au palmarès du semi-marathon de Troyes. Récent vainqueur du semi de Nîmes en 1h03'33'', le coureur du Burundi ne s'était plus aligné au départ de l'épreuve troyenne depuis 2010. « Mais je suis toujours resté en contact avec les organisateurs qui m'ont régulièrement invité depuis » explique l'athlète africain francophone.

Deuxième en 2009, battu sur le final par le Kenyan Laurence Rotich, Niyonizigiye avait pris sa revanche sur les coureurs des hauts plateaux l'année suivante en s'imposant à plus de 20km/h de moyenne, devant un autre Kenyan, Joseph Kamau. Jusqu'à 10h20 et quelques minutes, ce dimanche, il est toujours le recordman de l'épreuve en 1h03'19''.

« Je me sens capable d'aller plus vite » confie-t-il. Il en veut pour preuve le chrono réalisé dans le Gard il y a deux semaines, avec une préparation tronquée. « Pendant quinze jours nous avons préparé le défilé du 14 Juillet » poursuit celui qui se fait appeler volontiers Jean-Claude. Car depuis sa dernière prestation à Troyes, il s'est engagé dans la Légion étrangère. « On m'a proposé d'intégrer ce corps d'armée prestigieux pour cinq ans, sur la base des 27' 51'' réalisés aux 10 km de Rabat, dit-il. J'ai accepté, sachant que l'année prochaine je serai naturalisé français. »

« Courir, c'est mon métier »

Déjà militaire dans son pays natal, le Burundais a obtenu ses premiers galons de caporal. Mais la vie des athlètes légionnaires n'est plus aussi souple qu'auparavant. « La section athlétisme a été dissoute et nous devons désormais travailler en plus des entraînements biquotidiens. Ce n'est pas toujours évident, la fatigue s'accumule, mais on n'a pas le choix. » Affecté au magasin des équipements vestimentaires, Jean-Claude profite surtout des séjours au Burundi pour augmenter les charges d'entraînement. Le reste du temps, il partage ses séances avec des coureurs de niveau international : Chebet, Josephat, Indongo, Nyonkuru… militaires eux aussi à Aubagne.

Depuis six ans, Niyonizigiye gagne sa vie en France grâce à la course à pied. Aujourd'hui âgé de 24 ans, il s'est fait connaître et apprécier des organisateurs, ce qui lui permet de gérer sa saison et ses engagements sans le concours d'un manager. Librement. Car l'athlétisme, c'est le « métier » de Jean-Claude. Celui qu'il revendiquera officiellement au terme de son engagement avec la Légion en 2015. Ancien spécialiste de la piste (3' 44'' au 1500 m) dans ses jeunes années, il s'est progressivement construit un palmarès sur la route et fait partie de la dizaine de Burundais recensés sur le territoire. « C'est un petit pays (10 millions d'habitants, frontalier du Rwanda et de la Tanzanie) et nous avons moins de bons coureurs qu'au Kenya. »

Natif de Mahwamyansoro mais résident dans la capitale Bujumbura lorsqu'il rentre deux fois par an pour de longues permissions au pays, Jean-Claude se sent complètement « adopté » par la France. D'ailleurs depuis sa victoire troyenne en 2010 son français s'est considérablement amélioré. « On prend des cours » dit-il. Ce matin, il se dit prêt, si l'opposition le permet et s'il est poussé dans ses retranchements, à descendre sous les 1h03', à battre son record et à se rapprocher de son meilleur temps de 1h02'58''.

* Semi-marathon de Troyes. Départ ce matin à 9 h 20 au rond-point Galley. Arrivée face au Cub3

Pascal MOUZON