Troyes : le Burundais Niyonizigiye deuxième derrière un Kenyan
Sports

L'Est Eclair, 13 mai 2013

Saga Africa sur la 20e édition du semi-marathon de Troyes

 En 1 h 03' 30'', nouveau record, le jeune Kenyan Charles Ogari (n°9) a remporté haut la main l'édition 2013, dominée par les athlètes d'Afrique de l'Est, améliorant le record de l'épreuve de 7'' devant le Burundais Jean-Claude Niyonizigiye.

1812 : ce n'est pas une date marquante du patrimoine local, historique ou culturel, mais il s'agit du nouveau record de participation du semi-marathon de Troyes. C'est quatre-vingts concurrents de mieux, toutes courses confondues, que lors de la précédente édition. Une progression sensible qui confirme la courbe de croissance d'une épreuve qui fêtait hier son vingtième anniversaire sous un soleil frileux. La fleur de l'âge pour une course qui s'est bâtie au fil des ans, sans tambour ni trompettes et sans forcément beaucoup de moyens, une belle réputation.

Les efforts déployés par les organisateurs pour proposer un parcours roulant, le plus plat depuis sa création, ont été récompensés. Une offre d'appel venue s'ajouter à la qualité de l'accueil, à un savoir-faire général qui s'améliore sans cesse. Le « semi » de Troyes a atteint de nouveaux records : 930 inscrits sur les 21,1 km, meilleur chrono absolu réalisé par le Kenyan Charles Ogari en 1 h 03' 30''. Sans son frère jumeau Stephen, blessé, l'athlète de Kapsabeth a relevé un challenge ambitieux : résister à la coalition burundaise (quatre coureurs) et un Ethiopien, inscrit de dernière heure. « De toute façon j'étais venu pour gagner » dit-il. Et il avait visiblement de bonnes jambes. Troisième du réputé 15 km du Puy-en-Velay et récent vainqueur du 10 km du Mans en 28' 59", Ogari n'a laissé le soin à personne de mener, devant un petit groupe comprenant notamment outre la cohorte africaine, le Dijonnais Paul Lalire, Charaf Mouehli, l'Aixois, ou encore Antony Schneider, le Chapelain, futur vainqueur du 7 km. « C'est fou, reconnaîtra-t-il par la suite. J'ai voulu m'accrocher à eux, tout en n'ayant qu'un tour à parcourir, mais Ogari n'a pas cessé de faire le yo-yo, passant allègrement de 19 à 22 km/h. »

Ogari à l'usure

Avec cette faculté d'accélération innée propre aux Kenyans, Charles Ogari a opéré une sélection chirurgicale, lâchant tout d'abord Chege, l'autre Kenyan, Musagirije, Eyab Alemu, Lalire, auteur d'une course remarquable (5e) puis bientôt Nduwimana, deuxième en 2011, et Nkuzimana, usés par les changements d'allure dans le vent. « J'ai essayé de m'accrocher mais il était très fort… » avoue Niyonizigiye, le légionnaire, vainqueur 2010, qui détenait le précédent record. « Au 15e km, j'ai encore accéléré » explique Ogari, comme si cela était encore possible. « Sur la fin de course j'avais constamment un œil sur le chrono. » Dans les temps du record il terminait dans un long sprint pour ajouter à son panier une deuxième prime, pour sept petites secondes.

Chez les féminines, la Russe Evgeniya Danilova, qui a trouvé des alliés de circonstance avec les frères Costa (Ay) a fait la différence « au train. » « J'ai respecté mes temps de passage et je ne me suis même pas rendu compte que j'avais lâché les autres filles » souligne l'athlète d'Omsk. Spécialiste du marathon (2 h 33' en mars à Séoul) et en France pour la première fois et pour un mois seulement - avant de partir chasser les primes du côté de Prague - la Sibérienne a distancé à la régulière la tenante du titre, Francine Niyonizigiye (3e). La petite Burundaise, bonne perdante, expliquait avoir « souffert du vent ». Son petit gabarit a peiné dans les lignes droites face aux rafales, et elle se faisait même doubler dans le dernier tour par la Belarusse Yulia Pilimenka.

Le succès de ce 20e semi-marathon de Troyes, qui a finalement eu les pieds au sec, c'est aussi 440 coureurs sur la course populaire, 130 enfants, sans parler du semi-entreprises qui a aussi atteint des records.