Les Burundais de Belgique peinent toujours à se rassembler
Diaspora

@rib News, 16/05/2013

A quand une Plateforme des associations de la Diaspora burundaise de Belgique ?

Par Jérôme Bigirimana

 « Une diaspora plurielle mais solidaire », c’est le thème de la conférence organisée samedi 11 mai 2013 par Terre Neuve asbl, une organisation qui tente de créer un cadre d’échanges entre les différentes associations de la diaspora burundaise de Belgique. A sa seconde conférence, Terre Neuve peine toujours à rassembler plus de gens et toutes les associations des Burundais de Belgique.

Par rapport à celle organisée le 9 mars dernier, la conférence du 11 mai a connu quelques avancées, à savoir la présence très remarquée de M. Pierre Migisha, Député bruxellois et Conseiller communal à la commune d’Anderlecht à Bruxelles, et également deux principales idées, pas tout à fait nouvelles, mais qui refont chemin : d’une part, une « Plateforme » regroupant les différentes associations de la diaspora et d’autre part, la création d’une « Maison du Burundi » à Bruxelles.

Par ailleurs, malgré les changements de dernière minute intervenus sur le programme, la conférence du 11 mai aura été très animée par différents intervenants qui se sont succédés pour mettre en exergue les atouts d’une diaspora burundaise solidaire et sa contribution au développement de Burundi.

On notera ainsi la présence de deux des trois associations qui entendent regrouper les Burundais de Belgique, à savoir l’association Communauté Burundaise de Belgique (CBB) et l’association Action Internationale de la Diaspora Burundaise (AIDBU-Belgique), en l’absence de la troisième, l’association Diaspora Burundaise de Belgique (DBB), qui avait déclinée l’invitation.

La CBB et l’AIDBU-Belgique marquent leur présence, la DBB dit non !

 Dans son exposé, "Vers une politique de développement territorial durable par la mise en valeur du patrimoine naturel et immatériel du Burundi", Alain Vanderputten, ami du Burundi et chargé des relations publiques à Terre Neuve, appelle les Burundais à prendre conscience de « la qualité de l’espace paysager du Burundi, la richesse de son écosystème et de son patrimoine immatériel gravé longtemps dans les traditions.

Ces potentialités sont les sources inépuisables de dynamique économique et sociale qui peuvent aider au redéveloppement d'une région.Elles doivent être intégrées dans une réflexion globale portée sur la valorisation du territoire »

Rebondissant sur cet aspect du développement durable, la CBB, la plus ancienne de ces organisations, a centré son intervention sur « la dynamique solidaire de la CBB au sien des groupements du bien vivre au Burundi ».

Selon Eric-Bayard Rwantago, administrateur à la CBB, « la CBB sert comme interface entre la coopération belge et internationale avec les associations sur terrain au Burundi. La CBB a aussi servi de contact pour le financement des premières conférences de la diaspora burundaise par le ministère belge des affaires étrangères. Par ailleurs, la CBB inscrit sur son actif, la collaboration avec le programme MIDA dans la valorisation des compétences pour parier à la fuite des cerveaux par des coopérants burundais. »

 Mais, le projet phare de la CBB est celui présenté par Marie Bernadette Zubatse, elle aussi administrateur à la CBB. Selon elle, le projet consiste en une "formation en techniques agricoles intégrées à l'habitat durable chez des jeunes couples leaders paysans des communes de Makebuko et Itaba en province de Gitega".

Quant à l’AIDBU-Belgique, elle se veut « rassurante », sans agenda caché. Rappelons que la création de cette asbl a suscité des polémiques  dont évoque ici Anselme Nimbeshaho, nouveau vice-président, « taxée d’être à la solde du gouvernement burundais, accusée de concurrence déloyale et mise au ban par les instances dirigeantes de l’AIDBU-Internationale ». D’où son discours vise d’abord à « la dissipation d’idées fausses ayant entraîné de regrettables malentendus. Il s’inscrit aussi et surtout dans une visée de mobilisation, un appel à l’engagement pour une participation citoyenne », a fait savoir Nimbeshaho.

M. Nimbeshaho appelle au dialogue, à la concertation, à dépasser la peur de l’autre. D’où il regrette l’absence de la DBB : « C’est dommage que nos amis de DBB n’aient pas daigné accepter l’invitation que vous leur avez adressée ».

 Regret partagé par le président de Terre Neuve, M. Jean Marie Nduwamungu, qui affirme avoir espérer leur participation à la veille de la conférence. « J’ai tout essayé de mettre tout le monde autour de la table. Mais, j’ai plusieurs fois contacté Prof Ntibashirakandi, président de la DBB et quelques uns de ses collaborateurs au sein de la DBB. Je continuais à nourrir espoir de leur participation jusque vendredi soir où j’étais prié d’enlever même tout ce qui est de la DBB sur le programme. Mais, bon… je ne désarme pas. Terre Neuve continuera d’espérer qu’un jour tous les acteurs de la diaspora burundaise en Belgique se retrouveront pour dialoguer », nous a confié le président de Terre Neuve asbl.

Interrogé sur leur absence à la conférence du 11 mai, le président de la DBB nous a renvoyé à la mise au point de la DBB du 07 mars 2013 publié sur Arib.info. Selon cette note, la DBB n’a aucun problème avec d’autres associations de diaspora burundaise. « Pour la conférence du 11 mai, nous avions à maintes reprises signifié au président de Terre Neuve que nous ne participerons pas. Nous n’avons pas alors compris comment il a osé nous mettre sur le programme sorti à un jour seulement de la dite conférence ? », s’est indigné Prof Libérat Ntibashirakandi.

« Il n’y a pas de problème entre nous et les autres associations. C’est Terre Neuve qui veut les créer peut-être pour leur visibilité. Même s’il y en avait, pourquoi c’est maintenant que Terre Neuve se lève pour rassembler les Burundais de Belgique alors que cette organisation existe depuis 10 ans et que les problèmes entre les associations des Burundais de Belgique ne datent pas d’aujourd’hui ?», a renchérit Libérat Ntibashirakandi.

Une plateforme des associations et une « maison du Burundi » à Bruxelles ?

Revenons sur le débat à la conférence du 11 mai. Peu de participants, environ une vingtaine, mais débat riche. Surtout l’idée d’une Plateforme des associations de la diaspora burundaise aura retenu l’attention des participants sans pour autant vraiment s’emballer. Les participants sont unanimes que la mise en place de cette Plateforme prendra du temps.

« On fédère pour un objectif commun et plus clair. C’est pour unir les efforts. Mais si on ne parvient même pas à se réunir dans une même salle et dialoguer, comment pourra-t-on mettre sur pied une telle Plateforme ? », s’est interrogé Mathias Rugurika, un des participants.

 Anselme Nimbeshaho abonde dans le même sens que Rugurika pour faire remarquer que « la Plateforme est une nécessité mais pas une urgence. Qu’elle soit formelle ou informelle, il faut y aller tout doucement vu le développement des choses de ces dernières années. Il faut prendre du temps, reprendre contact avec les différentes associations et discuter et voir s’il faut tout refaire », a-t-il conseillé.

Et Alain Vanderputten de suggérer une méthodologie pour arriver à la mise en place de cette structure : « Faire un relevé de l’ensemble des associations avec leurs contacts, faire un projet de lettre définissant les objectifs, rencontrer les responsables des associations identifiées et finaliser ensemble la plateforme ».

La Plateforme des associations de la diaspora de même pays est une nécessité voire une exigence pour certains bailleurs. Elle permet la coordination des interventions, facilite les échanges d’information et la communication.

 Pierre Migisha, Député au Parlement bruxellois, a appelé les participants à la conférence à creuser toutes les possibilités d’une Plateforme et a promis un soutien politique ou autre pour trouver les meilleures solutions. Mais, il n’a pas aussi oublié à faire un clin d’œil aux organisations de la diaspora africaine : « … malheureusement, nos communautés africaines, pas seulement le Burundi, certainement le Congo et peut-être le Rwanda, manquent parfois d’organisation, de structure pour pouvoir obtenir ce que d’autres obtiennent pour des raisons certes louables mais qui le sont tout autant à notre niveau et donc on doit pouvoir, eeh…, se réveiller, je dirais ».

L’idée d’« une Maison du Burundi » a aussi (re)jailli de cette conférence. Mais là aussi sans susciter d’enthousiasme chez certains dont Rugurika qui se rappelle que lui et ses amis ont voulu la mettre en place il y a 40 ans, mais ça n’a pas été possible faute de moyens.

 Un autre participant fait remarquer qu’un projet de « Centre culturel burundais » à Bruxelles existerait aussi chez la DBB. On lui répondra que peu importe l’association qui met sur pied cette maison pourvu qu’elle soit inclusive et rassembleuse de tous les Burundais.  

Mais on peut s’interroger déjà sur la plus value qu’apporteraient ces maisons au cas où elles deviennent nombreuses et calquées sur la cartographie actuelle des associations de diaspora burundaise en Belgique. Ne vaut-il peut-être pas mieux d’affiner d’abord la Plateforme avant d’établir cette « maison du Burundi » ? Enfin, attendons voir aussi ce que dira la DBB à propos de la Plateforme et de cette « Maison du Burundi.» [Fin]