Lois sur la presse : La Belgique appelle le Burundi à la "plus grande prudence"
Diplomatie

@rib News, 09/07/2013 – Source Belga

 Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a appelé mardi les autorités burundaises à la « plus grande prudence » dans la mise en oeuvre d'un certain nombre de lois touchant les libertés publiques, comme la nouvelle législation controversée sur la presse, à deux ans des élections générales de 2015.

« J'ai attiré l'attention de Monsieur le vice-président sur le fait que nous serions très attentifs à la mise en œuvre » de ces textes, a affirmé le chef de la diplomatie belge à l'issue d'un entretien au Palais d'Egmont à Bruxelles avec le deuxième vice-président burundais, Gervais Rufyikiri.

M. Reynders a explicitement cité les législations sur la presse, sur les asbl et sur les manifestations publiques, relayant des inquiétudes émises par la société civile burundaise et les partenaires internationaux de ce petit pays d'Afrique centrale parmi les plus pauvres au monde, mais dont la Belgique est le premier partenaire en matière de coopération.

« La mise en œuvre (de ces lois) va être un élément majeur », a-t-il ajouté, en évoquant la « forte préoccupation » que ces textes suscitent dans les parlements européen et belge et appelant les autorités de Bujumbura à « la plus grande prudence ».

Portée par le parti présidentiel CNDD-FDD, la loi sur la presse a été définitivement adoptée par l'Assemblée nationale le 29 avril et promulguée début juin par le président Pierre Nkurunziza, ce que la Belgique, ancienne puissance tutrice du Burundi, avait immédiatement « déploré ».

« Liberticide »

Cette loi restreint la protection des sources et la publication de certaines informations sensibles, notamment en matière de sécurité nationale. Elle a été qualifiée de « liberticide » par le syndicat des journalistes burundais.

M. Reynders a par contre salué la volonté du Gouvernement burundais de dialoguer avec l'opposition « pour essayer d'adopter un consensus national » - notamment sur un nouveau code électoral à l'approche des scrutins présidentiel, législatifs et communaux prévus en 2015.

Le pouvoir burundais et l'opposition ont adopté en mars dernier, sous l'égide de l'ONU, une série de mesures en vue de ces scrutins, cinq ans après le boycott du précédent scrutin.

Le Gouvernement et les dirigeants des 44 partis enregistrés au Burundi, ainsi que l'Ombudsman (médiateur de la République) et deux anciens chefs de l'Etat ont signé ce texte de 42 points, réunis sous cinq chapitres.

Il élabore notamment les grandes lignes du « cadre légal » dans lequel devront être organisés les élections et les principes gouvernant à leur « gestion et conduite ».

Le texte souligne la nécessité de la mise en place d'une nouvelle Commission électorale indépendante (CENI) et de la rédaction « consensuelle » d'un nouveau Code électoral, prévoit un bulletin de vote unique et une révision périodique des listes électorales, définit les organes chargés du contentieux et propose le regroupement des divers scrutins sur une seule journée.

L'opposition avait boycotté les précédentes élections générales de 2010, laissant le champ libre au président Nkurunziza et à son parti, le Conseil national pour la Défense de la Démocratie - Forces pour la Défense de la Démocratie (CNDD-FDD).

Les violences qui avaient suivi avaient fait craindre une reprise des hostilités à grande échelle dans le pays, encore marqué par une guerre civile qui a fait près de 300.000 morts entre 1993 et 2006.