Dès sa "réapparition", Agathon Rwasa se pose en patron de l'opposition
Politique

RFI, 06 août 2013

Burundi : la police empêche l'opposant Agathon Rwasa de rejoindre ses partisans en meeting

Au Burundi, on ne parle que de ça ou presque : le retour d'Agathon Rwasa. Après trois ans passés dans le maquis, le leader historique des ex-rebelles des FNL, aujourd’hui première force d’opposition, revient au pays.

Le pouvoir lui avait imputé les violences ayant suivi les élections générales de 2010. Il a toujours nié. M. Rwasa devait faire ce mardi 6 août une « réapparition publique », mais la police a fait fermer le lieu du meeting.

D'emblée, Agathon Rwasa s'est posé en patron de l'opposition burundaise, et donc principal adversaire de Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005. Ce mardi, il avait prévu de faire une sortie intitulée « réapparition publique ». Ce leader historique des ex-rebelles des Forces nationales de libération (FNL) avait donné rendez-vous à ses militants à 16h10 (heure locale), dans une salle de réception privée, située dans le sud de la capitale Bujumbura. Il était attendu par un millier de sympathisants en liesse, ainsi que des diplomates occidentaux et onusiens. 

Costume bleu marine, chemise blanche et cravate rouge, Agathon Rwasa est arrivé pile à l'heure, mais il a trouvé porte close. Des dizaines de policiers avaient été déployés sur place pour lui en interdire l'accès. Motif invoqué : il n'avait pas les autorisations nécessaires. Son porte-parole Aimé Magera a dénoncé cet argument, rappelant qu'ils avaient même invité le ministre de l'Intérieur en personne.

Démonstration de force

Erreur d'appréciation des autorités ? Cette interdiction a jeté dans les rues de Bujumbura des centaines de militants d'Agathon Rwasa, qui ont traversé à pieds toute la ville en chantant pour aller à son domicile, niché dans le quartier chic de Kiriri, et à un jet de pierre du palais présidentiel. Une véritable démonstration de force devant des dizaines de policiers dépassés par les événements.

Agathon Rwasa, lui, a reçu la presse, et a justifié son exil par la nécessité de « sauver sa peau », avant d'endosser son costume de principal opposant burundais : « J'appelle tous ceux qui sont épris de justice et de paix à faire cause commune avec moi et les FNL, car il y a une nécessité de changement à la tête du pouvoir burundais. »

En interdisant le meeting, ce même pouvoir burundais a lancé au chef historique des FNL un message très clair : il ne lui fera pas de cadeau.