Burundi : Les violences sexuelles restent une réalité
Société

@rib News, 03/09/2013 – Source Xinhua

Dix ans après la création du centre Seruka chargé de prévenir les violences sexuelles et la prise en charge de leurs victimes, ces violences restent une réalité et font encore beaucoup de victimes au Burundi.

Cela a été dit par les responsables de ce centre à l'occasion de la célébration du 10ème anniversaire de la création de ce centre, anniversaire célébré sous le thème « Toujours auprès de la communauté pour prévenir les violences sexuelles et prendre en charge les victimes ».

« Cette date arrive au moment où les violences sexuelles restent toujours une réalité et font beaucoup de victimes que lors de son ouverture avec une moyenne de 120 nouveaux cas par mois », a déploré ce mardi Sandrine Inakabondo, représentante légale du centre.

Malgré cet effectif qui stagne, force est de constater que depuis ses 10 ans, le centre a pu changer la perception de la violence sexuelle par la communauté et a offert une prise en charge médicale, psychosociale et juridique de 13 640 victimes.

« Je suis satisfaite de l'impact du centre durant ces 10 ans car, quand il a ouvert ses portes en 2003, il n'était pas facile pour les victimes de violences sexuelles de consulter les centres de prise en charge (..), mais aujourd'hui, grâce aux sensibilisations, la communauté prend conscience qu'être victime de violences sexuelles n'est pas une fatalité mais un accident comme tant d'autres et que le viol est une urgence médicale », a déclaré Sandrine Inakabondo.

Elle a constaté avec regret que le chemin est encore long mais que grâce à ce progrès déjà accompli, le centre en tirera leçon et qu'il ne ménagera aucun effort à contribuer pour que la prise en charge des victimes de ce genre de violences soit effective dans les hôpitaux publics.

13.640 victimes de violences sexuelles sorties de l'ombre

Briser le silence sur le viol a déjà permis à 13.640 victimes de violences sexuelles de sortir de l'ombre au cours des dix dernières années , a déclaré mardi à Bujumbura Mme Sandrine Inakabondo, Représentante Légale de cette ONG burundaise en charge de la prise en charge des victimes des violences sexuelles depuis le 3 septembre 2000.

Pour Mme Inakabondo qui tenait un point de presse dans le cadre de la célébration des 10 ans d'existence du centre, le fait que le viol ne soit plus tabou au Burundi, a permis au centre Seruka d' offrir aux victimes une prise en charge médicale, psychosociale et juridique. Elle s'est dite heureuse de constater que 80% de ces victimes sollicitent une prise en charge médicale avant le délai légal de 72 heures, soit en moyenne 25 heures après l'agression.

Elle a fait remarquer qu'à l'heure actuelle, les violences sexuelles restent toujours une réalité au Burundi et persistent à faire beaucoup de victimes avec une moyenne mensuelle de 120 nouveaux cas. Malgré cet effectif qui stagne au niveau des statistiques, a-t-elle poursuivi, la communauté burundaise a marqué des progrès dans la perception du phénomène dans la mesure où elle a déjà pris conscience qu'être victime de violences sexuelles n'est pas une fatalité, mais un accident exigeant une urgence médicale.

Elle a remercié les décideurs politiques d'avoir contribué à la mise en place d'un code pénal prévoyant des sanctions pénales très lourdes dont la prison à vie pour les auteurs des violences sexuelles. Toutefois, a-t-elle fait remarquer, car le chemin reste encore long, car il se pose le défi pour une prise en charge effective des victimes des violences sexuelles dans les hôpitaux publics.

L'autre défi non moins important, a-t-elle affirmé, est l'accès des victimes à une réintégration communautaire à travers une réponse durable aux mécanismes de prise en charge et de prévention des violences sexuelles. Un autre défi majeur, a-t-elle fait remarquer, est que du côté de l'auteur des violences sexuelles, le Burundi ne dispose pas encore d'expertise médicale accompagné d' une identification de l'ADN de l'agresseur présumé en matière de viol.