Aucun des cerveaux de l’assassinat de Ndadaye n’a jamais été inquiété
Politique

RFI, 22 octobre 2013

Burundi : 20 ans après, le Frodebu veut juger les assassins de l’ex-président Ndadaye

 Le Burundi a commémoré, ce lundi 21 octobre 2013, le 20e anniversaire de la mort du premier président démocratiquement élu, Melchior Ndadaye. Un Hutu dont l’assassinat au cours d’une tentative de coup d’Etat par l’armée, alors dominée par la minorité tutsie, a été suivi par le massacre de dizaines de milliers de Tutsis. Seuls quelques soldats, de simples exécutants, ont été jugés.

Le président du parti créé par Melchior Ndadaye estime aujourd’hui que l’heure de punir ses assassins a sonné, alors que les responsables politiques et militaires de tout bord bénéficient d’une immunité provisoire qui court jusqu’à la mise en place de la justice transitionnelle. Au risque d’entraîner des réactions en chaîne.

Le président du parti qui avait porté Melchior Ndadaye à la victoire en 1993, le Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu), juge que les conditions sont aujourd’hui réunies pour que justice lui soit rendue. Le pouvoir est désormais aux mains du parti CNDD-FDD, issu de l’ex-principal mouvement rebelle hutu burundais, qui n’a pas les mains liés comme le Frodebu à son époque.

Léonce Ngendakumana rappelle que 20 ans après cette tragédie, aucun des cerveaux de l’assassinat de Melchior Ndadaye n’a jamais été inquiété. Il demande qu’ils soient traduits en justice immédiatement : « Le dossier Ndadaye ne peut pas être versé dans la Commission vérité et réconciliation, parce que d’abord, l’affaire est pendante devant la justice. Elle doit être jugée parce que tous les éléments sont là ».

Ouvrir la boite de Pandore ?

Le porte-parole de l’aile radicale du parti Uprona, à majorité tutsie, a préféré lundi, se rendre à Kibimba, au centre du Burundi, pour commémorer la mémoire d’une centaine d’élèves tutsis tués atrocement juste après l’assassinat du président Ndadaye. Tatien Sibomana espère dit-il, que le combat du Frodebu va aboutir : « Si le Frodebu a la force de faire juger ces assassins du président Ndadaye en dehors des mécanismes de justice transitionnelle, nous acclamerons des deux mains parce qu'au moins ceux qui ont tué les Tutsis après l’assassinat du président Ndadaye et qui avaient été jugés, vont retourner immédiatement dans les geôles ».

Plusieurs personnalités estiment aujourd’hui que le Frodebu cherche à ouvrir la boîte de Pandore.