Burundi : Lydia Nsekera brigue un ultime mandat à la tête de la FFB
Sports

Jeune Afrique, 30/10/2013

Fifa - Burundi : aux armes... Nsekera !

Par Alexis Billebault, à Zurich

 Première femme à avoir intégré le Comité exécutif de la très masculine Fifa, Lydia Nsekera (47 ans) dirige aussi la Fédération burundaise de football. Elle y briguera un dernier mandat en novembre.

"Si je gagne, je vous assure qu’il s’agira de mon tout dernier mandat". Après, c'est promis, Lydia Nsekera se consacrera davantage à ses deux fils – elle est veuve depuis 10 ans - et au garage automobile dont elle ne peut plus assurer la gestion à plein temps.

Car celle qui dirige la Fédération de football du Burundi (FFB) depuis 2004 compte bien être réélue à son poste, le 17 novembre prochain. "Diriger une fédération comme celle du Burundi, c’est quelque chose de passionnant, mais également de compliqué, nous ne disposons pas de gros moyens. Il y a encore des choses à faire, et j’espère qu’on me laissera le temps de les mettre en œuvre", explique-t-elle.

"Une fierté pour le Burundi"

En attendant sa possible reconduction pour un mandat de quatre ans, l’histoire retiendra que sous son règne, le Burundi, petit poucet du football africain, s’est qualifié pour le Championnat d’Afrique des nations (Chan), qui aura lieu en Afrique du Sud du 11 janvier au 1er février 2014.

"C’est la première fois que la sélection nationale va participer à une grande compétition, et c’est une fierté pour tout le pays", assure-t-elle. "Ces dernières années, il y a eu de réelles avancées. Le championnat de Division 1, semi-professionnel, avec douze équipes, s’appuie sur un vrai calendrier, et il va à son terme. La fédération est bien gérée, et je pense que son image est bonne", se félicite l’ancienne licenciée en économie.

Retrouver cette quadragénaire affable à la tête de la FFB n'est pas surprenant, tant le football a toujours fait partie de sa vie. Son père, Serge Rwavyuma (frère de la princesse Esther Kamatari dont l’oncle Mwanbutsa IV a régné 50 ans sur le pays), qui a longtemps présidé le Burundi sport dynamique (Bujumbura), l'emmenait régulièrement assister à des matchs de football.

Réticences et machisme

"J’ai vite apprécié ce sport, qui, dans notre pays, malgré les conflits, les violences, a toujours globalement été une source d’union. Je suis entrée à la fédération en 2000, en tant que membre de l’Atletico olympic, dont j’étais un des sponsors. Puis, quand on m’a proposée d’être candidate en 2004, j’ai d’abord refusé. Je m’imaginais plutôt trésorière, ou à la commission des compétitions. Car pour une femme, dans un pays assez machiste, s’occuper de football peut-être assez mal vu." Mais force est de constater que, neuf ans après sa première élection, Lydia Nsekera a vaincu beaucoup de réticences. "Même si j’ai évidemment des ennemis et des opposants", nuance-t-elle.

Après le Burundi, c'est désormais à la Fifa que la quadragénaire fait avancer la cause du football féminin. En mai dernier, lors du Congrès de l'Île Maurice, elle a été la première femme élue au Comité exécutif de l'instance internationale, un an après y avoir été cooptée. Elle y a désormais en charge, pour quatre ans, le développement du football féminin. Ses nouveaux collègues du gouvernement mondial du football ? "Ils sont très courtois, et je n’ai aucun problème avec eux. Je me sens très à l’aise", assure celle qui, aujourd'hui, n'a vraiment plus rien d'une novice. N'en déplaise à certains machistes du ballon rond.