L’Uprona demande la suspension de la révision de la Constitution
Politique

@rib News, 19/11/2013 – Source Xinhua

 L'Union pour le Progrès National (UPRONA), deuxième parti au pouvoir au Burundi, demande au gouvernement la suspension du projet de loi portant révision de la Constitution et de le soumettre à des consultations "les plus larges et les inclusives possibles".

Le président de l'UPRONA, Charles Nditije (photo), a indiqué mardi au cours d'une conférence de presse que le projet de loi portant révision de la constitution, récemment transmis au Parlement par le gouvernement, "n'aurait pas soulevé tant de tollé dans l' opinion si elle avait emprunté une démarche régulière et si elle ne tournait pas définitivement le dos à l'esprit et à la lettre de l'Accord d'Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi (AAPRB) du 28 août 2000".

La Constitution du 18 mars 2005, objet de révision, a souligné M. Nditije, est une émanation de l'AAPRB, âprement négocié pendant près de quatre ans entre toutes les parties prenantes au conflit burundais avec l'appui de la communauté internationale et des chefs d'Etat de la sous-région, qui en sont les co-signataires.  

"C'est dire donc que la Constitution actuelle ne peut être une propriété privée d'un seul parti politique, fut-il le parti majoritaire. Elle est la propriété de tous les Burundais dans leur diversité ethnique, politique et sociale. Voilà pourquoi le parti UPRONA condamne cette démarche en solo et s'inscrit en faux contre ce diktat que veut imposer le parti CNDD-FDD au peuple burundais et qui peut être qualifié de hold-up constitutionnel", a-t-il déclaré.  M. Nditije a indiqué qu'en regardant de près les 69 articles amendés au niveau de la Constitution en vigueur, "il ne s'agit pas de simples amendements à l'actuelle Constitution, mais bel et bien de l'introduction d'une nouvelle Constitution qui enterre définitivement l'AAPRB".  

L'UPRONA, a-t-il poursuivi, s'inscrit également en faux contre un projet de loi d'une nouvelle Constitution introduisant un Premier ministre jouissant des prérogatives de chef de gouvernement et en provenance du parti majoritaire.  

Cette nouvelle donne pèche contre l'esprit d' Arusha en rapport avec le partage du pouvoir entre les composantes ethniques de la gestion dans les affaires de l'Etat, a-t-il dit.  

Plus grave encore, a affirmé M. Nditije, le projet préconise que les lois simples seraient votés au Parlement à la majorité absolue,contrairement à celle actuelle des 2/3.  

Pourtant, a souligné M. Nditije, le projet de Constitution maintient la représentation des composantes ethniques à 60% pour les Hutu et à 40% pour les Tutsi au niveau des institutions, "mais ferme les yeux sur le fait que cette nouvelle majorité de vote des lois peut permettre au groupe ethnique majoritaire de conduire le pays à sa guise sans être obligé de consulter les autres composantes politico-ethniques", a-t-il martelé, estimant que cette situation risque de consacrer une dictature ethnique.  

M. Nditije a aussi fustigé le fait que la laïcité de l'Etat s'en trouve renié avec l'introduction d'un nouveau serment faisant référence "au nom du Dieu le Tout Puissant" pour les plus hautes autorités de la république.  

Par ailleurs,a-t-il poursuivi, l'UPRONA considère qu'en ce qui concerne le président de la république, le nouveau texte constitutionnel introduit des flous pour le moins tendancieux.

En proposant la suppression des articles qui font référence aux mandats en cours de l'actuel président de la république et en gardant uniquement l' article stipulant que "le président de la république est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois", le nouveau texte ouvre la possibilité pour l'actuel chef d'Etat, de briguer un autre mandat renouvelable encore une fois.