Décryptage de l'opération "Sangaris" que vient d’intégrer le Burundi |
Question à La Une | |
@rib News, 18/12/2013 L’intervention française en RCA : Entre humanisme et humiliation Point de vue de La Rédaction Personne n’oserait dire qu’elle n’était pas nécessaire. Non. Elle était urgente. Et les Centrafricains sont certainement reconnaissants de cette intervention de leurs anciens Colons. Mais au-delà de cet humanisme au nom duquel François Hollande dit avoir impliqué la France, l’interventionnisme français dans les affaires africaines ne peut ne pas inquiéter. Il ne fait plus l’ombre d’un doute que derrière l’opération « Sangaris » – du nom d’un petit papillon rouge éphémère – se cache une stratégie française de maintenir ou reconquérir l’espace économique centrafricain de l’Hexagone menacé par Pékin. Pour se décomplexer de certaines anciennes puissances coloniales, ou tout simplement étouffés par des opérations néocolonialistes, certains leaders africain se tournent vers la capitale de l'empire du soleil levant. Tout en ignorant, ou feignant d’ignorer que la Chine est tout aussi prédatrice des ressources africaines, et parfois à très peu de frais. Mais avec une discrétion spectaculaire. L’on n’est pas moins ou plus prisonnier selon que l’on est sur des chaines en argent ou en or. Dans les deux cas l’on est prisonnier. N’empêche, les Centrafricains ont fait un ouf de soulagement face à une nième intervention. La France a fait et défait les régimes en Centrafrique, ce qui valait à cette dernière d’être perçu comme le berceau de la fameuse « Françafrique ». François Bozizé est sorti par la petite porte au profit d’un inconnu, Michel Djotodia à la tête d’une mosaïque de groupes rebelles dont certains sont des étrangers, inspirés aussi par l’étranger. Le premier a eu la mauvaise idée de confier à Pékin les prospections pétrolières de Boromata. Le deuxième a été hissé sans nécessairement savoir ce qu’il devra signer pour son maintien au pouvoir. François Hollande, et ses pairs européens, prêts maintenant à prendre le train en marche, ne manqueront pas de lui faire comprendre que sa survie politique en dépend. Stratégiquement, le pays de Jean Beder Bokassa partage les frontières avec au moins cinq pays, et pas des moindres : la République Démocratique du Congo, le Congo, le Soudan, le Tchad et le Cameroun, pour ne citer que ceux-là. Précisément, et comme par hasard, la région devient très fréquentée, surtout avec le très récent « Programme de rétablissement de l'Afrique centrale » que l’UE vient de vendre aux « leaders » de nos pays. Le programme se veut l'image de ce que les Etats-Unis firent en 1947 pour l'Europe par l'entremise du « Plan Marshall ». Acte tout aussi humanitaire dirait-on. Mais que cache cet humanisme dans une région immensément riche ? La question vaut la peine que nos responsables politiques ou les citoyens tout cours se la posent pour mieux comprendre les enjeux du moment. Avec des forces militaires dans nos murs, et des drones sur nos têtes (cinq à l’Est de la RDC) tout, deviendra dorénavant contrôlées par les puissances qui les envoient. Une véritable opération "main basse" sur le continent, version 21ème siècle. Mais peut-on leur en reprocher ? Oui et Non. Oui, car il s’agit d’une opération de vol, de biens mal acquis, malgré le charme dont l’on se pare. Non, car les biens sans propriétaires appartiennent à tous, à commencer par ceux-là qui savent mieux les défendre. Les potentats africains, cupides et veules, se perdent dans des guerres fratricides, parfois nourris ou entretenus de l’extérieur. Le continent africain constitue le maillon faible de toute la planète pour ceux engagés dans l’accaparement des richesses planétaires. L’Amérique latine sort petit à petit de l’aliénation dans laquelle elle fut enfermée depuis des millénaires. L’Asie décolle sous nos yeux que nous maintenons obstinément fermés. Les luttes économiques à l’échelle mondiale sur notre continent se transforment très rapidement en guerre de groupes religieux ou ethniques locaux qui habitaient ensemble sans heurts depuis des décennies. Cette crise centrafricaine, la nième du continent, met à nu l’incapacité des Africains en général et des Centrafricains en particulier à s’assurer et de s’assumer, après plus de 50 ans d’indépendance. Humanisme pour les uns rime avec humiliation pour d’autres. La Rédaction |