Le ministre Koen Geens a reçu des représentants des Burundais de Belgique
Diaspora

@rib News, 20/01/2014

La communauté burundaise de Belgique reçue par le ministre fédéral belge des Finances, Koen Geens

 Par Jérôme Bigirimana

Le ministre fédéral belge des Finances, Koen Geens a reçu mercredi dernier dans son cabinet des représentants des Burundais de Belgique. Une rencontre historique très applaudie dans tous les milieux burundais de Belgique  dont certains même n’y croyaient pas jusqu’au moment de l’audience. Au menu des échanges, les problèmes rencontrés par les Burundais de Belgique et les solutions à y apporter.

C’est sous l’initiative de Terre Neuve asbl que cette rencontre a eu lieu. Terre Neuve asbl est une organisation sans but lucratif qui se veut rassembleur, dynamique dans la communication non-violente et la résolution des conflits et qui veut s’orienter désormais vers des projets de développement dans le cadre des relations Nord-Sud. Le président de cette asbl, M. Jean Marie Nduwamungu nous a livré son sentiment au sortir de l’audience : « Nous avons été vraiment honorés. C’est un jour historique pour les Burundais de Belgique  parce que c’est la première fois que notre communauté soit invitée de manière officielle par un haut dirigeant belge, un ministre fédéral. C’est aussi la première fois qu’un ministre hautement respecté comme Son Excellence Koen Geens,  se soucie de nos problèmes »

 Etonnant pour Nduwamungu mais pas vraiment pour Koen Geens qui révèle  avoir depuis longtemps une grande ouverture et un sentiment particulier vis-à-vis des immigrants surtout ceux qui viennent des anciennes colonies.  Sans être exactement le même cas, le ministre Koen Geens nous a indiqué que ce n’était pas la première fois de rencontrer des communautés d’immigrants. Veut-il ainsi dire qu’il va continuer à rencontrer d’autres communautés ? «  Si l’opportunité se présente, oui. Mais pour l’instant, il n’y a pas de plan concret. Bientôt, c’est la fin de ce  gouvernement [ndlr : élections de mai 2014] et donc, j’ai un agenda très chargé.  J’ai déjà rencontré d’autres communautés (espagnole et congolaise) mais c’était  au niveau local du parti CD&V à Vilvorde ».

Profitant de cette rare occasion, les représentants de la communauté burundaise ont bondi sur leur lot de problèmes vécus en Belgique. Des plus anciens (plus de 30 ans en Belgique) jusqu’aux derniers arrivants notamment les étudiants, tous ont soulevé des problèmes divers  la plupart liés au logement, à l’emploi, à l’équivalence des diplômes, au refus de visas pour les parents d’un naturalisé belge, aux frais d’inscription d’études devenus exorbitants, au problème d’importation des produits alimentaires africains, au problème de permis de conduire burundais non accepté en Belgique alors que les permis rwandais ou congolais sont acceptés, et plusieurs formes de discriminations observées ou subies par les Burundais de Belgique, etc.

« L’avenir sera beaucoup mieux que le présent », dixit Koen Geens

 Bien que certaines situations l’aient ému, le ministre Koen n’a cessé d’encourager tout au long de l’entrevue, les Burundais et les autres communautés qui se sentent discriminées,  à persévérer, à nourrir espoir, à connaître l’histoire [de la Belgique] et à maintenir la confiance à la Belgique. Il est revenu sur les exemples emblématiques de lutte pour l’égalité des droits humains notamment le président Lincoln et Mandela. Et les cas de Barack Obama, le premier président noir américain ou d’Elio Di Rupo, premier ministre belge issu de l’immigration italienne des années 1950 ont également été évoqués pour  justement servir d’inspiration. Pour le ministre fédéral des Finances, il faut reconnaître des progrès qui se font en matière de lutte contre les discriminations de tout genre. « L’histoire se répète mais progresse. Moi, je vous inviterais plutôt à espérer que l’avenir sera beaucoup mieux que le présent. Les jeunes belges d’aujourd’hui sont des citoyens du monde, plus ouverts que leurs parents, parce qu’ils côtoient quotidiennement à l’école d’autres étudiants immigrés et ne se sentent plus aliénés », a affirmé le ministre des Finances.

Et aux doléances exprimées par les Burundais de Belgique, le ministre Koen n’a pas justement de solutions miracles. Mais, il a promis de soutenir leurs souhaits et de leur servir de relais en leur mettant dans les mains de bonnes personnes pour surmonter certains obstacles. Il a également invité tout ceux qui étaient présents, de mettre sur papier toutes ces préoccupations et d’utiliser les voies démocratiques afin de faire parvenir ces questions aux concernés en passant par les parlementaires.

Le ministre fédéral des Finances est revenu sur Lampedusa qu’il qualifie tout simplement d’inhumain et d’intolérable. Et pour que cela ne se répète plus, le ministre plaide pour une collaboration nécessaire avec l’Afrique afin que les choses se passent mieux que dans le passé.  « En aidant mieux l’Afrique, cela éviterait aussi les masses d’immigrants et permettrait aussi à l’Afrique de mieux se développer. Je reconnais que nous ne sommes pas assez ouverts mais nous progressons. Peut -être l’Afrique pourra devenir  le nouveau terrain de développement comme la Chine et donc il faut absolument nourrir les relations », a renchéri le ministre Geens.

Les Belgo-burundais émus par le ministre Koen

 Pour les Burundais de Belgique, être reçus par un ministre fédéral belge est déjà un grand événement, avant même qu’ils commencent les échanges. Ceux qui ont participé n’en reviennent pas. Ils se sont sentis tous honorés. A commencer par Terre Neuve asbl, qui vient de marquer un bon bond en avant en co-organisant cette rencontre des Burundais avec un des ténors de la politique belge. Ce qui a valu à cette organisation  les remerciements de tous participants.

Mme Ida Nintereste, membre de la Diaspora Burundaise de Belgique, DBB asbl, nous partage son sentiment après la rencontre : « C’est un honneur pour les Burundais d’être reçus par un ministre fédéral belge. Il nous a écoutés et nous rentrons vraiment satisfaits. En tout cas, les questions qui relèvent de sa compétence trouveront rapidement des solutions. Pour les autres, il nous a promis de relayer nos préoccupations. J’ai beaucoup aimé! ».

Démocrate chrétien flamand parlant parfaitement français, le ministre Geens a su épater les représentants de la communauté burundaise, par sa manière de voir les choses comme ils les voient, tout en ne blâmant  personne. Mais plutôt en privilégiant la confiance et la persévérance.

 M. Fidèle Kanyugu, qui représentait les étudiants burundais, reconnaît ces qualités humaines exceptionnelles du ministre Koen Geens. « Il est très intelligent. Je l’ai beaucoup apprécié. Et notre communauté burundaise est honorée. Mais aussi, je remercie Terre Neuve qui n’a pas oublié les étudiants. Il fallait absolument que je sois là parce que la question des frais d’inscription supplémentaires d’environ 2000 euros est une véritable entrave aux études pour les étudiants burundais qui viennent en Belgique. Certains ont failli stopper leurs études, à cause justement de ces frais. J’ai plaidé pour la réduction voir suppression de ces frais pour les étudiants venant  des anciennes colonies belges qui entretiennent des relations privilégiées. Le ministre a promis de faire le suivi de cette doléance et je le crois »

Honi soit qui mal y pense 

Malgré cette initiative inédite du ministre Koen, une telle rencontre qui survient à 4 mois des élections de mai 2014, voilà qui ne pouvait pas laissé indifférents les plus sceptiques de la bonne intention du ministre des Finances. Réagissant au problème d’importation des produits alimentaires burundais, M. Willy Van Waeyenberge, belge d’origine congolaise et présent dans la salle en qualité de voisin des Burundais,  n’a pas manqué à critiquer l’issu de telles rencontres : « Toutes ces questions sont souvent évoquées surtout à la veille des élections. On nous écoute bien et après les élections on nous oublie. Mais j’espère que ce ne sera pas le même cas maintenant avec vous »

Visiblement surpris par ce propos, le ministre a tenté de rassurer. « Je ne peux pas vous empêcher de penser comme cela. C’est l’avenir qui vous prouvera le contraire ». Selon toujours le ministre fédéral des Finances, même s’il viserait les élections, le moins que l’on puisse dire, il ne commencerait pas à réunir les Burundais, très minoritaire en tout cas même si l’on dispose des chiffres fiables.  Et « Honi soit  qui mal y pense »,  en référence à ceux qui lui prêteraient une mauvaise intention alors que son initiative est sincère et louable.

Et quoi que l’on dise, le ministre Koen affirme avoir apprécié la communauté burundaise de  Belgique quant à  leur sens de responsabilité, à leur préoccupation par rapport  à l’avenir et leur désir d’aller de l’avant. Il espère d’ailleurs pouvoir retrouver plus de membres de cette communauté au 10è anniversaire de Terre Neuve asbl déjà annoncé pour le 5 avril 2014.