Burundi : Le pouvoir installe par force Bonaventure Niyoyankana ŕ la tęte de l’Uprona
Politique

@rib News, 30/01/2014

 « Franchir le Rubicon », voici l'expression pour qualifier ce que le Ministre de l'Intérieur Edouard Nduwimana, vient de faire au parti Uprona, qui est aussi membre de la coalition au sein Gouvernement en place à Bujumbura.

Désormais, l’actuel président du parti Uprona Charles Nditije, bien qu'élu au congrès de 2012 à Gitega, n'est plus reconnu par le Gouvernement et, de surcroit, il est remplacé par son prédécesseur, le Député Bonaventure Niyoyankana (photo), dont le mandat avait pris fin lors du congrès de 2012 mais a les faveurs du parti au pouvoir CNDD-FDD et du président de la République Pierre Nkurunziza.

C'est en substance le contenue d'une lettre adressée mercredi par le ministre Nduwimana au président de l’Uprona Charles Nditije et à son remplaçant voulu par le pouvoir, à savoir Bonaventure Niyoyankana. Les gouverneurs des provinces du pays et de même que le Maire de la ville de Bujumbura sont tous informés par une lettre de leur ministère de tutelle, connu aussi par ses compétences de diviser les partis politiques non favorable au sien.

Ce jeudi matin, un groupe de Députés de l'Uprona ont assiégé le cabinet du ministre Nduwimana pour lui demander de ne plus se mêler des affaires de l'Uprona en voulant remplacer les instances élués par celles qui ont déjà purgé leur mandat. Une lettre avait été aussi envoyée au Représentant du Secrétaire des Nations Unies au Burundi pour intervenir.

Au siège de l'Uprona, des policiers étaient aux aguets depuis ce matin, en attente des ordres de leurs supérieur pour mettre en application la décision du ministre Nduwimana.

« Qui est le président actuel de l'Uprona, selon vous ? », ont demandé des journalistes au Porte-parole du Ministère de l'Intérieur. « Ce sont les instances d'avant le congrès de 2012 », a répondu Evariste Nsabiyumva, porte-parole du Ministère de l'Intérieur. Clarifiant les choses, il a évoqué le nom de Niyoyankana Bonaventure. Celui-ci n'a pas encore réagit, mais est attendu à la célèbre émission radiophonique Kabizi de ce vendredi vers 10h à la Radio Publique Africaine.

Pourquoi l'Uprona aujourd'hui ?

Le parti Uprona s'était distingué ces derniers jours par des actions politiques musclés, marquées par la démission du Premier Vice-président avant la fin de l'année dernière, accusé de servir le pouvoir et de ses propres intérêts.

Après l'arrivée de Bernard Busokoza à la 1ère Vice-présidence de la République, en remplacement de Terence Sinunguruza, les choses se sont compliquées dans les rangs du parti présidentiel le CNDD-FDD. L'Uprona a accéléré son opposition à certaines lois, comme la loi régissant la Commission Terres et autres Biens (CNTB), et sa plaidoirie pour les instances de justice transitionnelle.

Récemment, l'Uprona s'est prononcé contre un troisième mandat de Pierre Nkurunziza, une goutte qui a fait déborder le vase. Alors que ce parti avait jusqu’ici préféré garder silence sur ce point, il a été clair ce mardi et a dit non à Nkurunziza.

Les origines du conflit

Les origines de ce conflit sont à la fois proches et lointaines. Mais retenons l'essentiel. Avec les élections de 2010, le parti Uprona éclate en deux. Une branche entre au Gouvernement, sous la houlette de Niyoyankana, et une autre refuse et lance ce qui sera le « Courant de réhabilitation du parti Uprona » sous les ordres d'Evariste Ngayimpenda.

En 2012, les choses changent un peu, le parti Uprona dirigé par Niyoyankana, un Tutsi de Gitega, va élire à sa tête Charles Nditije, un Hutu de Bururi.

Les procédures de réunification vont prendre près de deux ans, mais les choses vont s’accélérer ces deniers jours. La semaine dernière les anciennes ailes avaient retiré leur litige de la cours Suprême, mais le Ministère de l'Intérieur réclamait toujours que ce n'est pas fini, qu'il fallait alors reconnaitre les anciennes instances de l'Uprona comme légitimes, en remplacement de celles élues en 2012.

Mardi avant-hier, la nouvelle est annoncée : l'Uprona est réunifié, mais Niyoyankana et Sindimwo seront taxés de traitres de l'Uprona été exclus du parti. Les voici réhabilité par le pouvoir bien décide rà appliquer jusqu’au bout le "Divide et impera". [MG & JMM]