Burundi : Niyoyankana se voit en homme providentiel pour l'Uprona
Politique

RFI, 01 février 2014

Burundi : le nouveau leader de l'UPRONA imposé par le gouvernement

Au Burundi, le ministre de l’Intérieur a pris l’habitude de s’arroger le droit de désigner les dirigeants de partis d’opposition, en invoquant la loi à chaque fois qu’ils traversent une crise. Cette fois, c’est le tour de l’Union pour le progrès national, l’Uprona, l’ancien parti unique et principal parti issu de la minorité tutsi du pays, pour lequel il s’est basé sur décision de justice, malgré la fin de la crise qui le minait.

Cette initiative du ministère de l'Intérieur ne passe pas auprès des militants de ce parti, dont quelque 200 militants ont passé des dizaines d’heures dans un face-à-face tendu avec des policiers dépêchés à la permanence du parti hier vendredi, pour permettre l’installation du président désigné par le pouvoir.

Lorsque les premiers militants sont arrivés sur place à l’aube, ils ont trouvé le quartier déjà bouclé par la police burundaise. Très vite, les membres du parti Uprona se sont regroupés et ont tenté à plusieurs reprises d’investir le siège de leur parti. Ils se sont heurtés à chaque fois à des dizaines de policiers qui avaient reçu l’ordre de ne pas laisser passer les soutiens de Charles Nditije, qui vient d’être débarqué de la présidence du principal parti tutsi du Burundi par le ministre de l‘Intérieur. « C’est vraiment très regrettable qu’on amène toute une compagnie de police pour imposer un président du parti Uprona. C’est inacceptable ! » s'insurge un manifestant.

Bonaventure Niyoyankana, qui vient d’être remis en selle à la tête de l’Uprona par le gouvernement burundais, avait déjà dirigé ce parti pendant trois ans. Il n’a pas laissé un bon souvenir selon les militants, qui l’attendaient de pied ferme devant la permanence de l’Uprona hier.

Accusé d’être « un traître à la solde du parti Cndd-FDD au pouvoir au Burundi », Niyoyankana n’y a pas mis les pieds, même s’il se voit en peu en homme providentiel. « Ce n’est pas le moment de me dérober, parce que les gens disent que je suis ceci ou cela. Je viens pour en fait en découdre avec le problème qui existe à l’Uprona » explique t-il au micro de RFI. Et il témoigne de sa confiance dans ses chances de sauver le parti. Des propos qui semblent alimenter plutôt la colère de ses nombreux détracteurs.