La crise à l’Uprona aboutit au limogeage du 1er vice-président du Burundi
Politique

@rib News, 01/02/2014 – Source AFP

Le président burundais Pierre Nkurunziza a destitué samedi soir son premier vice-président, Bernard Busokoza, en conflit avec le ministre de l'Intérieur sur la question sensible de la présidence du principal parti tutsi, l'Uprona.

M. Busokoza avait désavoué vendredi le ministre de l'Intérieur, qui avait limogé la veille le président du principal parti tutsi, l'Uprona, au profit d'un proche du parti au pouvoir [Lire la Lettre du 1er Vice-président Busokoza au ministre Edouard Nduwimnana]. Mais le ministre de l'Intérieur, Edouard Nduwimana, a rejeté cette décision, et le président Nkurunziza a donné raison à son ministre de l'Intérieur, en destituant M. Busokoza, en désaccord sur plusieurs sujets politiques et constitutionnels avec lui.

La décision du président Nkurunziza a a été annoncée dans un communiqué lu à la presse par son porte-parole, Léonidas Hatungimana.

Ce communiqué accuse l'ancien vice-président de n'avoir jamais pu distinguer ses fonctions de celles d'un président de parti politique.

Bernard Busokoza, un Tutsi issu du parti Uprona, a été nommé au poste de premier vice-président en octobre 2013, en remlacement d'un autre-vice président réputé proche du pouvoir.

Il s'est heurté très vite au président Nkurunziza, un Hutu issu de l'ex-principale rébellion hutue du CNDD-FDD, au pouvoir depuis 2014, notamment sur le projet contesté de révision de la Constitution et un éventuel troisième mandat de Nkurunziza, selon des sources concordantes.

Vendredi, M. Busokoza avait désavoué le ministre de l'Intérieur, Edouard Nduwimana qui avait limogé le président de l'Uprona, Charles Nditije, au profit d'un proche du parti au pouvoir, Bonaventure Niyoyankana, qui avait déjà dirigé ce parti de 2009 à 2012.

Cette décision avait été perçue comme une tentative de noyautage à l'approche d'échéances électorales majeures.

M. Busokoza avait annoncé sa décision au ministre vendredi dans une correspondance. Mais le ministre de l'Intérieur avait rejeté cette décision.

Le premier vice-président est chargé, en fonction de la Constitution, de coordonner les secteurs administratifs, sécuritaires et diplomatiques.

Les policiers déployés par dizaines depuis vendredi matin autour du siège de l'Uprona pour empêcher les partisans de M. Nditije d'y accéder étaient toujours sur place samedi en fin d'après-midi, a-t-on constaté sur place.

Quelques 200 militants de l'Uprona, qui avaient fait face aux policiers vendredi, et qui étaient revenus sur place samedi, ont été chassés à coups de matraque en fin de matinée.

Ce conflit surgit alors que les deux factions rivales au sein de l'Uprona - une aile radicale et le camp du président Nditije - enterrent leurs différends.

L'Uprona participe au Gouvernement, mais s'oppose depuis plusieurs mois au CNDD-FDD (le parti du Président Nkurunziza), sur des sujets clés comme la révision de la Constitution, un éventuel troisième mandat du président Nkurunziza ou encore la répartition des terres.