Il y a cinq ans, le 9 avril 2009, Ernest Manirumva était assassiné sauvagement
Justice

RFI, 10-04-2014

Burundi : 5 ans après, des ONG réclament «justice pour Manirumva»

 Ernest Manirumva a été assassiné le 9 avril 2009. L’un des plus célèbres activistes anti-corruption du Burundi enquêtait alors sur un trafic d’armes à destination de la RDC. Cinq ans après, si plusieurs condamnations ont été prononcées, la société civile burundaise continue de réclamer justice.

[Photo : Manifestation des militants de « Justice pour Ernest Manirumva », le mercredi 9 avril 2014 à Bujumbura, lors de la commémoration du cinquième anniversaire de l'assassinat du militant anti-corruption.]

Il y a cinq ans, le 9 avril 2009, Ernest Manirumva était assassiné sauvagement. Malgré l’arrestation d’une douzaine de personnes, puis leur condamnation, la société civile burundaise continue de réclamer justice, en se basant sur un rapport du FBI américain, qui avait demandé l’audition et le prélèvement de l’ADN de plusieurs hauts responsables des services burundais de sécurité, soupçonnés d’être derrière cet assassinat.

« Que les vrais auteurs soient traduits en justice »

Ce mercredi, ce sont près d’une centaine d’activistes de la société civile burundaise qui ont défié l’interdiction de manifester édictée par le maire de Bujumbura. Ils se sont présentés devant le palais de justice de la capitale burundaise, où était programmé le procès des assassins présumés d’Ernest Manirumva, devant la chambre de Cassation. Ce fut le point d’orgue d’une semaine d’activisme contre l’impunité au Burundi qui s’est tenue, malgré les tentatives de faire échouer cette commémoration.

« Sur les T-shirts, il est marqué sa photo et "Qui l’a tué ?". Derrière le dos, il est écrit : "Cinq ans d’impunité, c’est trop !" », résume Gabriel Rufyiri, président d’une organisation de lutte contre la corruption. Depuis cinq ans, la société civile burundaise dénonce en effet l’arrestation, puis la condamnation, de « boucs émissaires ». Et elle rappelle sans cesse que, lorsqu’il a été assassiné, Ernest Manirumva enquêtait sur un trafic d’armes au sein de la police du Burundi. « C’est très important que les autorités judiciaires adressent la question de l’impunité, que les vrais auteurs aussi soient traduits en justice et que le procès soit équitable », insiste Tom Gibson, chercheur à Amnesty International, venu spécialement de Nairobi pour participer à la commémoration.

« Ses assassins sont très puissants »

Plus tôt dans la journée, tous ces activistes s’étaient rendus sur la tombe d’Ernest Manirumva, « pour lui rendre hommage », explique Pacifique Nininahazwe, l’un des leaders de la campagne « Justice pour Ernest Manirumva ». « Nous sommes ici pour dire à Ernest Manirumva que nous ne l’avons pas abandonné, que le combat qu’il menait contre la corruption, nous allons le continuer et qu’à la fin des fins nous arriverons à connaître ses assassins ». Mais il est conscient que « le combat sera long et difficile », parce que, dit-il, « ses assassins sont très puissants ». [Photo : Lors du procès des assassins présumés d'Ernest Manirumva, à Bujumbura, le 19 janvier 2011.]