Un diplomate onusien déclaré "persona non grata" au Burundi
Diplomatie

PANA, 18 avril 2014

Bujumbura, Burundi - Des informations, pour le moment de sources médiatiques locales, ont fait état, vendredi encore avec insistance, d’une décision du ministère burundais des Relations extérieures et de la Coopération internationale qui donne 48 heures, à compter du 17 avril 2014, au conseiller principal chargé des questions sécuritaires au Bureau des Nations unies au Burundi (BNUB), Paul Debbie, de quitter le pays, pour son rôle présumé dans la diffusion d’informations relatives à un armement présumé de civils par le pouvoir en place au Burundi, à l’approche des élections générales de 2015.

Pour le moment, aussi bien au niveau du BNUB que du ministère burundais des Relations extérieures et de la Coopération internationale, l'information est confirmée sous-couvert d'anonymat pour ne pas envenimer des relations déjà plus que tendues entre les deux parties.

C’est par le même canal des médias locaux qu’une note interne aux Nations unies, datant du 3 avril, avait connu une fuite au sujet du gouvernement qui armait et formait au maniement des armes, la branche de jeunes du parti au pouvoir à des fins non encore clairement connues.

Nombreux sont les observateurs attentifs aux questions politiques nationales à Bujumbura qui s’attendaient à une réaction "musclée" du gouvernement burundais, compte tenu de la colère qu’il a affichée, surtout contre le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies au Burundi, le diplomate gabonais, Parfait Onyanga Onanga, dans cette affaire d'armement supposé des civils au moment où des hypothèques pèsent déjà sur les élections générales de 2015.

Le Parlement a rejeté dernièrement un projet de loi portant révision de la Constitution suite à la rebuffade de l’opposition qui prête l’intention au président sortant, Pierre Nkurunziza, de vouloir retoucher la loi fondamentale de 2005 pour se donner les chances de se représenter à un troisième mandat "illégal", en 2015.

Au niveau diplomatique, les Nations unies ont connu une série d’expulsions de ses représentants et envoyés spéciaux à Bujumbura, comme dans le cas de Nureldin Satti, en 2009, pour conduite "peu diplomatique" après avoir pris position contre l’emprisonnement d’opposants politiques, dont l’ancien président de la République de la transition, Domitien Ndayizeye et son adjoint de l’époque, Alphonse Kadege, pour "atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat".

Le successeur du diplomate soudanais, le tunisien Youssef Mahmoud, avait subi le même sort, accusé d’être également proche de l’opposition. L’ancienne patronne de l’opération des Nations unies au Burundi (ONUB) de plus de 5.000 casques bleus, entre 2004 et 2008, la Canadienne Carolyn Mc Askie, avait également quitté le pays sur la pointe des pieds.

Les nouvelles tensions diplomatiques s’observent au moment où le Bureau des Nations unies au Burundi doit encore dégraisser ses effectifs pour ne garder qu’une représentation symbolique, sur demande insistante du gouvernement burundais qui estime qu’une présence massive internationale n’est plus nécessaire dans un pays qui a recouvré la paix après de longues années passées de guerre civile.