Un opposant table sur "un chapelet d’épines dans la botte de Nkurunziza" |
Opinion | |
@rib News, 23/04/2014 LES DIX PECHES QUI FERONT TOMBER NKURUNZIZA ET SON CLUB ! Par Pancrace Cimpaye Depuis que le président Pierre Nkurunziza a décidé de briguer un troisième mandat en violation du prescrit de l’Accord d’Arusha, de la constitution et de la volonté d’une grande majorité du CNDD-FDD, l’homme devient de plus en plus isolé. L’étau de cet isolement sur le plan international et au sein de son propre parti politique qui se resserre autour de lui le pousse à tenter des démarches solitaires suicidaires. Ces démarches ne font que l’enfoncer et l’éloigner du trône qu’il convoite tant. Tout tourne de travers ! Rien ne lui réussi ! A cet égard les faits suivants finiront par avoir raison de lui : ü La réunion de ce samedi 19 avril avec les représentants de la milice Imbonerakure au niveau national, celle-là même qui sème terreur et désolation au sein de l’opposition, est une preuve évidente que le commandant suprême de cette milice est bel et bien le Président Pierre Nkurunziza. Contrairement à la désinformation qui a été malicieusement distillée par son entourage, l’objet de la réunion était de mobiliser la milice pour sa reconduction, par tous les moyens, aux élections de 2015. Pour remplir cette mission, Nkurunziza a appelé à plus de discrétion. C’est ainsi qu’après cette assemblée générale de la milice, Nkurunziza a eu un tête à tête avec tous les participants, par groupe de trois. Et il leur remettait une enveloppe d’encouragement ! Voilà la raison pour laquelle son porte-parole, l’Honorable Léonidas Hatungimana, une des figures du CNDD-FDD farouchement opposé à ce troisième mandat n’a pas voulu donné à la presse la substance de cette rencontre. Il les a renvoyés au service de la communication du parti ! ü Le même jour le Président Nkurunziza a osé réunir, pour la deuxième fois, les seuls officiers supérieurs issus de son ancien mouvement politique armé, le CNDD-FDD. Un commandant suprême des forces de défense et de sécurité nationales qui consacre une telle division a perdu la boussole ! Le mot d’ordre de cette réunion de trop était l’unité autour du président pour garder le pouvoir. Dans cette gymnastique de ralliement, il devait préciser que s’il tombe il ne tomberait pas seul ! Comment le même commandant suprême peut- il oser, deux jours après cette rencontre de discorde et division aller visiter sur terrain, en Somalie, le contingent burundais ? Va-t-il là aussi séparer ces anciens compagnons de lutte des autres ? Va-t-il regarder dans les yeux ces derniers ? ü Qui a dit qu’il n’y a pas une catastrophe humanitaire en perspective ? La convocation du président du FRODEBU et président de l’opposition réunie au sein de l’ADC-IKIBIRI, devant le juge de la mairie, pour avoir alerté le Secrétaire Général des Nations Unies est aussi une bourde qui n’arrange pas notre président à vie. Pourtant les agissements de Nkurunziza dans ces deux réunions susmentionnées prouvent que l’honorable Léonce Ngendakumana avait raison de lancer ce message de détresse ! ü Le 24 Mars et le 14 avril 2014 le site NYABUSORONGO, logé au cabinet du président Nkurunziza accuse le Rwanda d’être en intelligence avec l’ADC-IKIBIRI pour faire tomber le pouvoir de Bujumbura. La deuxième publication est on ne peut plus explicite : « Comment Kagame fomente un coup d’état au Burundi ». Une lecture en filigrane de cette communication laisse entrevoir une mobilisation à une solidarité ethnique hutu dans la région (Burundi, Rwanda, RDC, etc.) pour faire face à un ennemi commun ! Qui a dit qu’il n’y a pas une menace d’une catastrophe humanitaire au Burundi ? Ces deux textes sont on ne peut plus éloquents. ü L’expulsion du diplomate onusien, Monsieur Paul Debbie ce 17 avril 2014 aura été une décision gauche qui ne fait qu’enfoncer et ternir de plus belle l’image du pouvoir de notre cher président. Ce dernier qui n’a plus la force nécessaire d’engager une guerre contre les Nations Unies devrait se rappeler qu’il vient de battre le record des expulsions des diplomates : Carolyn Mc Askie (2008), Nureldin Satti (2009), Youssef Mahmoud (2010) et Stéphane Delocker (2013). Ce palmarès qui est le propre des pouvoirs autocratiques d’antan est loin de redorer le blason du club qui règne sur le Burundi. Espérons que la numéro deux des Nations Unies, Madame Rosine Sori- Coulibally qui présentait ses adieux au premier Vice-Président ce mardi 22 avril 2014, n’a pas été, elle aussi, poussée à la sortie. ü Le divorce avec le parti UPRONA par le renvoie du Premier Vice-Président, l’honorable Bernard Busokoza le 1er février 2014 a été une erreur monumentale. Bien plus le Président Nkurunziza payera cher la confiscation de la gestion légale du parti UPRONA aux ayant droits. Le premier camouflet du rejet de l’amendement de la constitution ce 21 mars au parlement est une gifle résultante de son intrusion dans les affaires du parti de Rwagasore. Il a été pris à son propre piège. ü La tentative d’assassinat du leader du MSD, Monsieur Alexis Sinduhije, le feu ouvert sur les militants réunis au siège du MSD, la condamnation à des peines lourdes des jeunes militants du même parti et la suspension du parti MSD, des faits et gestes qui ont planté le décor d’une manifestation future inévitable. De surcroît cette brutalité a poussé Alexis Sinduhije à faire le tour du monde démontrant par la même occasion qu’il est plus malin que la police du Président qui cherchait à l’arrêter. L’adoption unilatérale des projets de loi sur la Commission Vérité et Réconciliation et sur la Commission Terre et Autres Biens démontre que Nkurunziza est résolument engagé dans une voie sans issue de la confrontation. Car cette démarche solitaire pour des sujets aussi sensibles et vitaux pour tous les burundais ne vise que la provocation qui risque d’ouvrir les plaies qui peinaient à cicatriser. ü L’épineuse problématique de la bourse des étudiants mobilise plus de dix milles jeunes contre Nkurunziza. La dernière sortie de ce dernier avec des demi-mesures a en effet confirmé que ce n’est pas le Ministre Butore Joseph qui détient la clé mais bel et bien le numéro un burundais. Garder ces jeunes dans la rue présage une facilité future de les convier à revenir dans ce lieu en passe de devenir leur campus. ü L’enrichissement rapide et illicite de quelques privilégiés irrite et exacerbe bien des militants du parti présidentiel. Cet enrichissement extravagant et arrogant est la paume de discorde qui pousse une partie du CNDD-FDD à s’opposer au troisième mandat du président. Tels sont les dix dossiers chauds ou les dix péchés du Président Nkurunziza. Ce chapelet d’épines dans la botte de Nkurunziza finiront par le couler. L’ADC-IKIBIRI a le devoir de travailler sur ces ouvertures pour pousser à la sortie l’homme qui veut s’accrocher au sommet de l’Etat burundais éternellement et son club. (Sé) Pancrace CIMPAYE. |