La sécheresse frappe de plein fouet la province de Kirundo
Société

RFI, 11-05-2014

Au nord du Burundi, les changements climatiques comme sujet d’étude

 Au Burundi, le gouverneur de Kirundo tire la sonnette d’alarme. La sécheresse frappe de plein fouet cette province du nord du pays. Trois semaines sans pluie. La récolte prévue en juin prochain promet d’être mauvaise, voir quasi inexistante, alors que la population connaît déjà des cas de malnutrition.

Le samedi est jour de travaux communautaires au Burundi et le chantier en cours dans la province est celui d’une université communautaire qui justement aura un département consacré à l’étude des changements du climat. Notre envoyée spéciale s’y est rendue.

 Des ouvriers professionnels et une vingtaine d’habitants travaillent sous un soleil de plomb. Parmi eux, le gouverneur de la province. « On a vu qu’il y avait un problème, c’est le changement climatique qui se caractérise chez nous par la sécheresse, explique ainsi Révérien Nzigamasabo (photo). C’est l’idée qui nous a poussés à mettre en place une faculté. »

Le gouvernement fournit les matériaux de construction. Et les natifs de la province contribuent pour payer la main d’œuvre la semaine. D’autres, surtout des paysans, participent aux travaux communautaires. C’est le cas de Bonimana. « C’est une bonne chose, se réjouit ce dernier. Comme l’agriculture, ça ne va plus, demain, mes enfants pourront étudier ici. »

Formation

Cette université communautaire sera la première université de Kirundo. L’objectif est aussi d’y former des enseignants originaires de la province car rares sont ceux qui aujourd’hui acceptent de vivre dans une ville aussi éloignée de la capitale.

Reportage dans la commune de Bugabira.

Chacun son ballot d’haricots sur la tête, une famille marche le long des champs : « Il y a trop de famine par ici. J’ai tellement faim, vous ne pouvez pas imaginer. J’avais entendu parler de période comme cela-là quand j’étais petite. Mais c’est la première fois que je vis ça. »

Alice a son enfant de deux mois dans le dos. Ces dernières semaines, elle l’a déjà emmené plusieurs fois au centre de santé pour obtenir de la nourriture pour lui et son aîné. Sa mère, Sefani, montre les racines des plants. Ils sont complétement secs, même les feuilles sont à moitié jaunies.

« Ca, ce n’est pas une récolte, le soleil a tout brûlé. Tout ce qui nous reste est comme ça. Et ce qu’on a ramassé servira seulement à nous nourrir aujourd’hui. »

Partir encore plus loin...

Sefani a pour le moment décidé de rester dans la commune. Mais d’autres familles sont parties : « Certains partent pour fuir le soleil mais s'ils ne trouvent pas de la nourriture, ils reviennent. Ce sont surtout les jeunes filles et garçons qui en ont encore la force. Mais les vieux, on restent ici. Des fois, ils vont dans le Bugesera, au Rwanda. Mais là-bas, c’est la même chose, il y a le soleil aussi. Peut-être que c’est mieux d’aller plus loin à Butare... »

La récolte était prévue pour juin. Mais selon les estimations des autorités, s’il ne pleut pas, au moins 80% de celle-ci au moins pourraient être perdues.