Burundi : Pierre Nkurunziza en campagne pour… Pierre Buyoya
Politique

@rib News, 11/05/2014

 Le président burundais Pierre Nkurunziza s'active actuellement pour faire élire l’un de ses prédécesseurs, Pierre Buyoya (photo), au poste de Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). L’appui apporté à cette candidature est loin de faire l’unanimité dans le pays où les treize années (1987-1993 et 1996-2003) de pouvoirs du major président n’ont pas laissé que de bons souvenirs.

Début avril, la candidature de Pierre Buyoya (65 ans) a été officiellement adressée au siège de l'OIF par le Gouvernement Nkurunziza, puisqu’être présenté par son pays est une condition indispensable pour être retenu. Ainsi, sans l’aval du Burundi, la candidature de Buyoya était exclue d'office.

Face à l’ancien Major président burundais deux autres candidats se sont officiellement lancés dans la course à la succession d'Abdou Diouf : le Mauricien Jean Claude de L'Estrac et l’ancien Premier ministre congolais (Brazzaville) Henri Lopes. La bataille fait déjà rage pour l'élection qui aura lieu lors du sommet de Dakar, fin novembre.

C'est ainsi que, depuis quelques temps, Nkurunziza s’emploie à convaincre les autres chefs d’Etats de la Francophonie pour faire élire son candidat [Lire Lette de Nkurunziza adressée au président grec ], alors que des voix s’élèvent au sein même du parti présidentiel burundais pour rappeler au monde les crimes dont est accusés le major Pierre Buyoya.

Dans un plaidoyer jeudi dernier contre cette candidature, l’un des Site web proche du CNDD-FDD n’hésite pas à titrer : « Burundi : Pierre Buyoya ne peut pas être Secrétaire Général de la Francophonie ».

Les dirigeants du parti présidentiel, très gênés, préfèrent faire profil bas sur la question car au sein du CNDD-FDD l'amertume est grande. Et il y a plus de questions que de réponses, selon des observateurs. Beaucoup se demande si Nkurunziza a oublié le sang des martyrs tombés sur le champ de la lutte contre l'oligarchie de Buyoya.

Voici déjà plusieurs années qu’une grande partie de l’opinion burundaise est convaincue qu'un "pacte" a été passé entre Nkurunziza et Buyoya. Les deux hommes se seraient, entre autres, convenus de travailler main dans la main pour que Buyoya, devenu Secrétaire général de l’OIF, se charge de défendre le troisième mandat de Nkurunziza auprès de la communauté internationale.

"La politique a ses raisons que la raison ne connaît pas", a-t-on coutume de dire. Mais, c'est dommage pour le Burundi. [MG]

Lire Lette de Nkurunziza adressée au président grec