Portrait de Pascal Loreau, Consul de France au Burundi
Diplomatie

Ouest-France, mardi 23 juin 2009 - Un Paimpolais consul de France au Burundi

Pascal Loreau - Quand le consul de France joue les pères de famille avec un petit orphelin de Bujumbura.Né à Paimpol voici 46 ans, Pascal Loreau, véritable aventurier, doit jongler aujourd'hui, sans filet, entre le Code civil français et les lois burundaises. Et il aime ça...

Portrait

Lorsque Pascal Loreau, le consul de France au Burundi, mange avec son staff, le michupo, plat local composé de chèvre bouillie, puis grillée, - « c'est ce qu'on appelle ici le dialogue social » -, il anime lui-même les débats. Infatigable. Les Burundais adorent les blagues. Ce Breton pur beurre est un orfèvre en la matière. Demandez-lui de faire disparaître une pièce d'une main pour la faire réapparaître dans l'autre, voire d'en dévoiler une seconde. C'est aussi le charme de la magie qu'il maîtrise, qui fascine sa tablée.

Physique de baroudeur, le consul de France, « de Bretagne », comme il aime à plaisanter, est fier d'arborer le gwen ha du sur la terrasse de sa villa. Dernier d'une famille de huit enfants, né d'un père terre-neuvas et d'une mère patronne de bar-crêperie, il a fait une longue route depuis son enfance passée à Lézardrieux.

Immersion complète

L'homme est droit, bosseur et surtout honnête. Il le faut car c'est lui qui délivre les visas nationaux. Mais sa tâche ne s'arrête pas là. Trouver un chirurgien, à 23 h, pour une péritonite ; rapatrier le corps d'une Française assassinée dans les collines ; organiser une ola avec des Pygmées, lors d'un match de football amical contre des orphelins montés de Bujumbura. Autant de missions où son sens de l'improvisation fait des miracles.

Passant du costume-cravate à la tenue de brousse, il aime à dire, en parlant du Burundi : « Ici, c'est ma maison. » Pascal y est connu presque comme le loup blanc, alors qu'il n'est pourtant en poste à Bujumbura, la capitale, que depuis un an et demi. Mais cet ancien gendarme à Carnac s'adapte partout où il passe. Sa tactique : l'immersion complète chez les locaux. Il l'a déjà prouvé en Bosnie où il était détaché, en 1999, ou à Lagos et ses quartiers sulfureux, où il assurait la protection rapprochée de l'ambassadeur, de 2000 à 2003.

Poigne de fer dans un gant de velours, il fut aussi, de 2004 à 2007, le patron du service intérieur au Quai d'Orsay. Reçu depuis au concours de secrétaire de chancellerie, il assure aussi la délivrance des visas pour les ressortissants rwandais et parfois congolais de son bureau à l'ambassade à Bujumbura.

Organisateur du rapatriement à Paris d'un Burundais de 17 ans, avec un éclat de grenade dans la tête, depuis les  « événements », comme on dit ici pudiquement lorsqu'on parle de la guerre civile qui a miné le pays jusqu'en 2005, il apprécie aussi particulièrement ce genre de mission. Comme la dernière en date, obtenir un droit de visite à Plimba, la prison locale. Objectif : régler un problème administratif avec un journaliste du coin à la plume un peu acide vis-à-vis du président du moment, Peter N'Kurunziza.

Prochaine destination, « peut-être l'Amérique centrale ». L'aventurier est toujours prêt à voir du pays.

Yannick LE TUTOUR.