Burundi : toutes les régions perdent des quantités énormes de terres arables
Société

@rib News, 22/06/2014 – Source Xinhua

 Toutes les onze régions naturelles du Burundi perdent annuellement des quantités énormes de terres arables du fait de l'érosion des pentes abruptes dénudées, a indiqué Richard Havyarimana, expert géographe chargé des questions foncières et environnementales au sein d'un collectif national de la société civile dénommé "Forum pour le Renforcement de la Société Civile" (FORSC).

Faisant référence aux résultats d'une étude commanditée en 2012 par le ministère burundais en charge de l'environnement et de l'aménagement du territoire, M. Havyarimana a déclaré jeudi que la région des Mirwa (nord) est la plus affectée, avec une perte annuelle de 100 tonnes de terres arables sur une superficie d'un hectare.

"Ces terres cultivables du fait de l'érosion sur les pentes abruptes qui couvrent cette région naturelle des Mirwa atterrissent dans la plaine de l'imbo et dans le lac Tanganyika", a-t-il noté, en faisant remarquer que d'imporants fonds sont nécessaies pour inverser la tendance.

Sur base des projections de l'étude, le géographe Havyarimana a indiqué que dans 37 ans, la couche des terres cultivables de la région naturelle des Mirwa pourrait disparaître si rien n'est fait pour rectifier le tir.

"Cela montre qu'un Burundais né actuellement dans cette région devra faire face à un affleurement rocheux au terme de la trentaine d'années", a dit M. Havyarimana, qui plaide pour la pertinence de poser des actions urgentes de protection de ce bassin versant.

Un accent particulier doit donc être mis sur la région naturelle des Mirwa au regard de son grande importance au niveau des diverses activités agricoles génératrices de revenus pour le trésor public, a-t-il dit.

La protection particulière de la région naturelle des Mirwa, a souligné l'expert géographe, se comprend aisément dans la mesure où la plaine de l'Imbo doit nécessairement se focaliser sur les micros climats de cette région.

"En cas de poursuite des pertes des terres arables de la région naturelle des Mirwa, la plaine de l'Imbo va en subir directement à travers des secousses et des destructions des maisons suite à des éboulements de terrain du fait de fortes érosions causées par des eaux de pluies transitant sur des pentes abruptes dénudées", a-t- il averti.

Ces terres arables venues des hauteurs qui surplombent la ville de Bujumbura atterrissent également dans le lac Tanganyika, et les eaux du lac sont gravement affectées au niveau de leur biodiversité, en l'occurrence le poisson, a-t-il ajouté.

Pour remédier à cette situation, l'expert géographe appelle les ministères burundais en charge de l'Agriculture, de l' Environnement, de l'Eau, de l'Aménagement du Territoire et de l'Urbanisme, à enclencher une synergie opérationnelle pour protéger ce bassin versant de la région naturelle des Mirwa.

Pour y arriver, a-t-il proposé, il faudrait reboiser toute la crête Congo-Nil qui couvre ce bassin des Mirwa.

Comme on cultive dans le sens de la pente forte, a-t-il suggéré également, il faut que les autorités nationales sollicitent des expertises adéquates en renonçant aux mauvaises pratiques agricoles à travers la définition des techniques de cultures adaptées aux bassins versants.

De telles actions seraient menées en amont pour faciliter l'infiltration des eaux de pluie dans le sol, mais aussi en aval à travers la protection de la ville de Bujumbura maintes fois menacée par les inondations venues des collines qui la surplombent, a estimé l'expert.