Originaire du Burundi, Jean-Baptiste Alaize promet de faire tomber les records
Sports

Ouest-France, 26 Juin 2014

 Jean-Baptiste court à l'énergie de la résilience

Au championnat de France à Fontenay, vendredi et samedi, Jean-Baptiste Alaize promet de faire tomber les records du 100 m et du saut en longueur. L'athlète a la force de vivre d'un survivant. Ce qu'il est, en réalité.

Entraînement le matin. Travail l'après-midi. Jean-Baptiste Alaize n'a pas le temps de raconter son histoire. Il a les championnats d'Europe dans le viseur. C'est pour cela qu'il sera, vendredi et samedi, à Fontenay-le-Comte et au passage, il se ferait bien «les records du 200 m et du saut en longueur».

Il a la niaque et n'a pas envie de faire pleurer dans les chaumières. Alors pour son passé, on repasse, ou on va sur YouTube, comme il le conseille : pour voir un documentaire qui a été fait pour 7 à Huit. Et là, on comprend mieux, pourquoi Jean-Baptiste Alaize dit qu'il veut « tourner la page ». Originaire du Burundi, il est retourné dans son pays avec sa mère adoptive, un ami et des journalistes. C'était au moment des Jeux paralympiques de Londres, en 2012. Un reportage poignant qui explique.

Laissé pour mort

Le 24 octobre 1993, dans le petit village de la famille de Jean-Baptiste, c'est le massacre. Comme cela s'est produit déjà à plusieurs reprises dans ce pays. Comme cela se déroulera au Rwanda l'année d'après. En deux mois, 100 000 personnes ont trouvé la mort, autant seront blessées. On élimine à la machette.

Jean-Baptiste s'appelait Mugisha. Il avait à peine 3 ans et est laissé pour mort. Sa maman et son frère sont tués. Ses trois soeurs s'enfuient dans la forêt. Une femme le récupère. Elle le remet à son père qui le dépose dans un orphelinat, blessé au poignet, à la jambe droite, derrière la tête, dans le dos. Dans son pays d'origine, ces terribles marques de coup de machette serviront à Jean-Baptiste de carte d'identité.

Les femmes de sa famille demandent à toucher sa prothèse qui lui fait une jambe entière. Elles rient. Sa soeur confie : « Un handicapé est considéré comme un bon à rien, ici. Au Burundi, il n'avait aucun avenir. » Est-ce ce qu'a pensé son père en l'abandonnant à l'orphelinat ? Jean-Baptiste n'a pas trouvé la réponse.

Le petit Mugisha a été adopté à l'âge de sept ans par la famille Alaize, du côté de Montélimar. Le garçon se montre vite très doué pour le sport. Avec sa lame en carbone, il file sur les pistes d'athlétisme. À 18 ans, il rafle son premier titre de champion du monde. Il bat record sur record.

De novembre à mai dernier, il s'est entraîné intensivement en Caroline du Sud, aux côtés de Ladji Doucouré. L'athlète surclassé promet du spectacle. « Je viens de faire ma meilleure saison. »Et c'est aussi le meilleur de lui-même que Jean-Baptiste donnera ce week-end.

Vendredi 27 juin, à partir de 17 h 45, jusqu'à 19 h 40. Samedi 28, à partir de 9 h 45 jusqu'à 12 h 30 et de 14 h 45 jusqu'à 18 h 30. Entrée gratuite. Ouvert à tous. Au stade municipal de Fontenay-le-Comte.