Burundi : procès très suivi d'un défenseur des droits de l'Homme
Justice

@rib News, 04/07/2014 – Source AFP

Le procès du président de la principale organisation de défense des droits de l'homme du Burundi, Pierre-Claver Mbonimpa, qui risque cinq ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", s'est ouvert vendredi à Bujumbura.

A son arrivée au tribunal, plus de 2.000 sympathisants qui chantaient et dansaient ont acclamé M. Mbonimpa, président de l'Association pour la protection des personnes détenues et des droits humains (Aprodeh), écroué depuis mai dernier.

M. Mbonimpa, prix Henri Dunant en 2011 pour son engagement en faveur des droits de l'homme, dénonce depuis des années des assassinats et massacres d'opposants burundais, comme l'exécution d'une trentaine de militants de l'ex-rébellion des Forces nationales de libération (FNL) en 2007.

Il est "poursuivi pour atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du pays et pour faux et usage de faux", a déclaré le procureur. Il risque une peine de cinq ans de prison.

M. Mbonimpa est poursuivi pour des propos tenus en mai sur une radio privée. Il avait alors affirmé que des membres de la ligue de jeunesse du parti au pouvoir, les "Imbonerakure", recevaient une formation paramilitaire dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) voisine, au cours de laquelle des armes leur étaient distribuées.

Le procureur a dénoncé des "faits très graves".

Sa défense a réclamé la mise en liberté provisoire du détenu, invoquant son âge - 65 ans - et ses problèmes de santé.

Les cris de ses partisans présents à l'extérieur couvraient parfois les débats dans la salle d'audience, où étaient présents une douzaine de diplomates (Etats-Unis, France, Belgique, Pays-Bas, ONU et Union européenne notamment).

Le climat politique se crispe au Burundi à l'approche des élections générales de 2015. Au pouvoir depuis 2005, le président Pierre Nkurunziza est soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat, pourtant interdit par la Constitution.

L'arrestation de M. Mbonimpa était intervenue après la publication, dans la presse locale, d'une note confidentielle de l'ONU faisant état de la distribution d'armes par le gouvernement à de jeunes militants. Bujumbura a fermement démenti.

Le secrétaire général adjoint de l'ONU aux droits de l'homme avait dénoncé en fin de semaine dernière les atteintes aux libertés, le "harcèlement" de la société civile et les violences politiques dans le pays, sorti en 2006 de treize ans de guerre civile.