Tentative d'assassinat de Nditije : le pouvoir avance la thèse d'une manipulation
Politique

@rib News, 13/07/2014 – Source AFP

Le ministre burundais de l'Intérieur a appelé dimanche à rester prudent sur une tentative présumée d'assassinat d'un chef de l'opposition tant que les enquêtes se poursuivaient, n'écartant pas la thèse d'une manipulation de l'opposant.

Un policier en civil de l'Unité spéciale de protection des institutions du Burundi, suspecté de tentative d'assassinat de Charles Nditije, l'ancien chef de l'Uprona, principal parti tutsi, a été arrêté samedi soir, alors qu'il rôdait autour d'un bar de Bujumbura où l'opposant tenait une réunion avec ses lieutenants.

"Ca serait déplorable s'il y ait (avait, NdlR) eu tentative d'assassinat de Charles Nditije car c'est un genre de comportement dépassé, que ce soit lié à des motifs politiques ou à autre chose", a déclaré le ministre Edouard Nduwimana.

"Mais ça serait encore plus déplorable si c'était un montage qui a été orchestré par lui-même et donc il faut laisser les services habilités faire d'abord la lumière sur ce cas", a poursuivi le ministre burundais.

M. Nditije avait déclaré samedi que des policiers chargés d'assurer sa sécurité avaient maîtrisé le policier suspect et trouvé sur lui un pistolet.

Selon l'opposant, le policier a reconnu "avoir reçu mission de m'assassiner, sans préciser qui l'a envoyé".

Dimanche, un haut gradé de la police a expliqué sous couvert de l'anonymat que "les enquêtes semblent indiquer que ce policier, qui était affecté à la protection du président du Sénat burundais était allé boire une bière en ayant pris son arme par mégarde, (...), il se serait enivré et a été pris à partie par Nditije et ses amis, qui sont sous tension et font une psychose".

L'Uprona a rompu il y a quelques mois son alliance avec le parti au pouvoir, majoritairement hutu (CNDD-FDD). Charles Nditije avait été destitué de la présidence de l'Uprona par décision du ministre de l'Intérieur mais il dénonce un "coup de force".

Dimanche, plus de trois cents militants de l'Uprona ont tenté de gagner le siège de leur parti pour organiser une réunion de comité central, mais ils se sont heurtés à plusieurs dizaines de policiers en tenue anti-émeute qui les en ont empêché sans violence.

Les partisans de M. Nditije ont alors manifesté dans plusieurs quartiers de Bujumbura.

"Ce qui vient de se passer est la preuve que c'est le ministre de l'Intérieur et le pouvoir qu'il représente qui sont à l'origine de la crise à l'Uprona", a déclaré à la presse M. Nditije.

Le ministre de l'Intérieur a assuré n'avoir "rien à voir ce qui se passe à l'Uprona".

Le retrait de l'Uprona du gouvernement a plongé le Burundi dans une crise politique et fait craindre une résurgence des tensions ethniques à l'approche du élections générales de 2015, lors desquelles le président Pierre Nkurunziza à l'intention de briguer un troisième mandat, bien que la Constitution l'en empêche théoriquement.