Pierre Claver Mbonimpa : 100 jours de détention, ça suffit !
Droits de l'Homme

PANA, 24 août 2014

Un défenseur des droits de l’Homme totalise 100 jours de détention préventive au Burundi

 Bujumbura, Burundi - Le président de l’Association de défense des droits de la personne humaine et des détenus (Aprodh), Pierre Claver Mbonimpa, a totalisé, ce dimanche, 100 jours de détention préventive à Mpimba, la prison centrale de Bujumbura, sous le chef d’accusation d’"atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat", apprend-on de source proche du prévenu.

Le chef d’accusation est lié à des dénonciations du doyen des défenseurs des droits de l’Homme d’"entraînements paramilitaires" de jeunes affiliés au parti au pouvoir au Burundi en République démocratique du Congo voisine, à des fins qui n’ont toutefois pas encore été élucidées.

L’autre défenseur connu des droits de l’Homme au Burundi, Pacifique Nininahazwe, a demandé à nouveau, dimanche, au nom du comité de soutien à M. Mbonimpa, de libérer le détenu à la fois pour des raisons humanitaires et pour l’image de marque du pays à l’extérieur, étant donné que beaucoup de voix au niveau international n'ont pas non plus été convaincues des raisons invoquées de cet emprisonnement et continuent à abonder dans le sens de son élargissement.

Le vieux défenseur des droits humains, de plus de 65 ans, a déjà comparu devant la justice par trois fois, mais sans que le dossier n’entre dans le fond de l’affaire. Les avocats de la défense ont jusque-là axé leurs interventions sur sa libération conditionnelle pour que le client comparaisse en prévenu libre à cause d’un «grave » problème de santé et de son âge avancé.

M. Mbonimpa souffre d’un diabète chronique aigu et son dossier s’est alourdi dernièrement d’un rapport des Nations unies qui a conclu à l’absence de jeunes Burundais sur le sol congolais après "quatre missions d’enquêtes" à ce sujet.

Une radio indépendante locale, qui enquêtait également sur le dossier de présence supposée de jeunes Burundais au Congo, a, dans la foulée du rapport onusien, fait parler sur ses antennes, pendant plus d’une semaine, un individu qui se faisait passer, dans la clandestinité, pour un lauréat de ces entraînements paramilitaires.

Les témoignages étaient détaillés sur les plans de la logistique, l’encadrement, la rémunération ainsi que les tenants et les aboutissants de l’affaire, en mettant surtout en cause des services spéciaux burundais, sans cependant dire le but final de la mission et malgré des démentis officiels à maintes fois répétés.

Radio publique africaine (Rpa) s'est tu par la suite à cause des injonctions du Conseil national de la communication (Cnc, organe gouvernemental de régulation des médias) à mettre fin aux témoignages qui portaient "atteinte à la sécurité publique", sous peine de sanctions prévues par la loi sur la presse au Burundi.